Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

CONTES CRUELS, Philippe Auguste Villiers de L'Isle-Adam Fiche de lecture

Les Contes cruels regroupent vingt-huit récits brefs rédigés par Villiers de L'Isle-Adam (1838-1889) entre 1867 et 1883 – date de la publication du recueil chez Calmann-Lévy – et pour la plupart déjà parus en revues. Il s'agit probablement, avec L'Ève future (1884), du livre le plus connu d'un auteur considéré par plusieurs de ses contemporains, et non des moindres (Verlaine, Mallarmé, Maeterlinck, Bloy...), comme un véritable génie, mais dont la légende de dandy excentrique et d'écrivain maudit a fini par occulter en partie l'œuvre considérable.

« Le plus miraculeux des livres d'heures » (Mallarmé)

Constitué après coup, le recueil des Contes cruels (plusieurs autres titres avaient été envisagés, comme Contes philosophiques, Contes ironiques, ou encore Contes au fer rouge) ne révèle aucune structure nette. Les textes s'y succèdent sans logique apparente : contes fantastiques (« Véra », « L'Intersigne »), récits historiques (« La Reine Ysabeau », « L'Annonciateur »), histoires satiriques (« Le Traitement du docteur Tristan », « Deux Augures »), poèmes en prose (« Vox populi ») ou en vers (« Conte d'amour »). La plus grande diversité – pour ne pas dire hétérogénéité – de genre, de ton, de registre – semble avoir présidé à leur rédaction, puis à leur réunion. Les motifs traités sont également des plus variés, même si la mort hante le recueil, qu'elle défie et révèle l'ambition démesurée de la Science (« L'Appareil pour l'analyse du dernier soupir »), qu'elle s'invite à une fête mondaine sous les traits d'un inquiétant baron (« Le Convive des dernières fêtes »), ou encore qu'elle cède devant la force irrépressible du rêve (« Véra »). Une veine morbide qui se retrouvera, exacerbée, dans les recueils suivants : L'Amour suprême (1886), Nouveaux Contes Cruels (1888) et Histoires insolites (1888). L'amour (« Virginie et Paul », « Sentimentalisme », « Maryelle », « L'incomprise », « Conte d'amour », etc.) et la satire du monde moderne (« Les Demoiselles de Bienfilâtre », « Le Plus Beau Dîner du monde », « La Machine à gloire », etc.) constituent les deux autres grandes sources d'inspiration de l'œuvre de conteur de Villiers. Ce n'est donc pas dans le choix des thèmes abordés, on ne peut plus traditionnels, non plus que dans la facture toute classique des récits – art de l'ellipse, resserrement de l'intrigue, chute finale –, qu'il faut chercher l'originalité de l'entreprise et les raisons éventuelles de son insuccès.

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification