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CONTES DE CANTERBURY, Geoffrey Chaucer Fiche de lecture

Chaucer à cheval - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Chaucer à cheval

Geoffrey Chaucer (1340-1400) est surtout connu par ses Contes, dont la rédaction commence vers 1387. Il a pourtant écrit de nombreuses autres œuvres. Mais la diversité, de fond et de forme, des Contes de Canterbury reflète bien la curiosité alerte de son génie.

À sa mort, Chaucer, âgé d'une soixantaine d'années, laisse les Contes inachevés. On les classe en dix liasses ou « fragments ». Certains se situent facilement : ainsi le prologue général et les quatre premiers contes qui s'annoncent l'un l'autre, ou le dernier « fragment », traité en prose sur la pénitence, conclusion adéquate pour un pèlerinage à Canterbury. La place d'autres fragments pose problème : les transitions entre les contes diffèrent d'un manuscrit à l'autre, et tel conte ne figure pas dans tous les manuscrits.

L'art du conte

L'inachèvement des Contes se manifeste par des contradictions. Après avoir pensé attribuer à chacun de ses trente pèlerins en route vers Canterbury deux contes à l'aller, deux au retour. Chaucer a abandonné l'idée d'un retour. Il n'a rédigé qu'un seul conte par pèlerin – et encore pas pour tous. De plus, quelques contes sont interrompus. Malgré ce désordre, l'architecture de l'œuvre est claire.

Le prologue nous montre une trentaine de pèlerins assemblés à l'auberge du Tabard à Southwark – aux portes de Londres. Ils vont prendre la route pour un pèlerinage au tombeau de saint Thomas Becket, à la cathédrale de Canterbury, où l'archevêque fut assassiné en 1170. Chaucer se joint à eux. L'hôtelier propose un concours pour égayer la route : un repas gratuit sera offert au meilleur conteur : « Messeigneurs, dit-il, écoutez maintenant de votre mieux ;/ mais ne le prenez pas, s'il vous plaît, en mépris ;/ il s'agit, pour parler peu et clair,/ que chacun de vous, pour abréger la route,/ dans ce voyage, raconte deux histoires [...] sur des aventures arrivées au temps jadis. »

Le premier et le dernier conteur seront les représentants des deux pôles de la société médiévale : le Chevalier et le Curé. Les pèlerins représentent en effet les différentes catégories sociales du temps de Chaucer – à l'exception des princes ou prélats et des pauvres vagabonds. Le prologue trace donc le portrait des pèlerins, en respectant la tripartition classique : l'ordre des nobles combattants (le Chevalier, son fils l'Écuyer, leur compagnon le Yeoman), les membres de l'Église (une Prieure, un Moine, un Frère mendiant), le tiers état (le Marchand, le Juriste, le Propriétaire terrien...). Ce classement risquant de devenir monotone, Chaucer l'abandonne pour le reste des pèlerins : l'Universitaire, le Marin, le Médecin, la Bourgeoise, le Curé et son frère le « Laboureur » (c'est-à-dire petit fermier)... Chaque pèlerin nous est décrit, mais nous le connaîtrons mieux chemin faisant. Le conte nous révélera le conteur, ou bien sera décoché contre un autre pèlerin. Ainsi, le récit de deux chevaliers fraternellement unis puis désunis par l'amour de la même princesse permet au Chevalier de raconter des combats, de traiter de débats littéraires (que doit préférer l'amoureux : être prisonnier et voir sa belle, ou jouir de la liberté, exilé loin d'elle ?), de méditer sur les revers de fortune, et sur la sagesse du prince. Après ce long récit, d'autres contes reprennent le schéma triangulaire de la femme et des deux soupirants, l'un pouvant être l'époux légitime...

Il est impossible de passer en revue tous les contes. Signalons seulement les prestations de Chaucer et de la Bourgeoise de Bath. Chaucer se met lui-même en scène, bedonnant, absorbé dans ses rêves. L'Hôtelier le presse d'entrer dans le jeu. Chaucer entreprend de réciter le roman en vers de sire Topaze, aux aventures si conventionnelles,[...]

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Chaucer à cheval - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

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Autres références

  • CHAUCER GEOFFREY (1340 env.-env. 1400)

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    • 1 média
    Choisissant le thème médiéval du pèlerinage (voir le Prologue), Chaucer se montre dans ses Contes observateur attentif des mœurs de son temps et l'on a pu, à la suite de Manly et de Muriel Bowden, y découvrir des modèles contemporains. Ses descriptions ont certes des limites qui tiennent en partie...