CONTES DE PLUIE ET DE LUNE, Ueda Akinari Fiche de lecture
Les Contes de pluie et de lune (Ugetsu-monogatari) sont le chef-d'œuvre de l'écrivain japonais Ueda Akinari (1734-1809). Les neuf contes qui le composent suivent la tradition du récit, le monogatari, en puisant dans une veine fantastique, celle d'histoires de revenants. Si la rédaction de l'œuvre commença en 1768, sa parution n'eut lieu qu'en 1776, témoignant du souci de perfection de l'auteur.
Contes fantastiques
Les contes du recueil ne sont pas originaux. Ils appartiennent à un fonds culturel familier des lecteurs japonais du xviiie siècle, ayant leur source parfois en Chine, connus également pour avoir été adaptés au théâtre. Si chaque récit relate la rencontre d'un homme avec le monde spectral, chaque conte est empreint d'une atmosphère propre, où intervient aussi bien la poésie du haiku que la réflexion philosophique sur les valeurs véritables de l'existence. Dans le premier conte, « Shiramine », le moine Saigyo rencontre le spectre du « Second Empereur retiré », et c'est l'occasion d'un débat entre pouvoir et éthique bouddhiste. « Le Rendez-Vous aux chrysanthèmes » met en scène une expérience limite de fidélité à la parole donnée : empêché par des ennemis de se rendre à un rendez-vous avec un jeune homme qui lui a sauvé la vie, un guerrier se donne la mort afin de revenir, en fantôme, honorer le rendez-vous pris. « La Maison dans les roseaux » relate les longues pérégrinations d'un époux loin de son foyer. Après des années d'errance, il y revient pour trouver une maison dont les ruines sont encore habitées par une vieille femme, qu'il croit être son épouse, mais qui n'est que le spectre de celle-ci, morte depuis longtemps. « Carpes telles qu'en un songe » nous permet de suivre l'itinéraire d'un moine peintre de carpes, qui se métamorphose par grâce divine en poisson, avant d'échapper à un pêcheur : « Dans l'excès de ma stupéfaction, je reportai mon regard sur mon corps : en l'espace d'un instant, pourvu d'écailles à l'éclat doré, il s'était métamorphosé en carpe ! » « Buppōsō » dit l'effroi d'un moine, qui voit sa solitude troublée par le spectre d'un prince revenu de l'autre monde en compagnie de sa cour au grand complet. La vengeance terrible d'une épouse jalouse occupe le conte du « Chaudron de Kibitsu », particulièrement macabre : non seulement cette femme revient pour torturer et tuer sa rivale, mais elle entraîne son époux dans le monde des revenants. La passion amoureuse se retrouve dans le conte de « L'Impure passion d'un serpent ». L'animal se mue en femme, puis tue l'épouse d'un jeune homme dont il est épris. Les revenants aiment aussi à hanter les vivants, à l'image du moine du « Capuchon bleu », possédé par un maître du bouddhisme zen. Enfin, « La Controverse sur la misère et la fortune » prend la forme d'un dialogue philosophique entre le guerrier Sanai et l'Esprit de l'or qui lui est apparu.
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Écrit par
- Florence BRAUNSTEIN : professeur en classes préparatoires économiques et scientifiques
Classification
Média
Autres références
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AKINARI UEDA (1734-1809)
- Écrit par René SIEFFERT
- 1 274 mots
- 1 média