CONTES DE PLUIE ET DE LUNE, Ueda Akinari Fiche de lecture

Renouvellement du récit

Ueda Akinari appartient à la renaissance littéraire du siècle d'Edo (1750-1850). Il commence son œuvre avec un genre alors déclinant, celui de l'ukiyo-zōshi, ou « récits du monde flottant », avant de donner ses lettres de noblesse à un roman non plus réaliste mais plein de verve et d'imagination, le yomi-hon ou « livre de lecture ». Le modèle, sous forme de brefs contes, en est fourni en 1749 par le Hanabusa-zōshi, de Kinro-Gyoja. Mais Akinari dépasse le Hanabusa grâce à la maîtrise rare des procédés littéraires et à une connaissance approfondie des contes chinois utilisés. Tout son art va consister à leur donner une dimension nationale, en les adaptant au contexte culturel japonais. Ses textes sont truffés d'allusions aux grands classiques de la littérature japonaise, et il est possible de considérer les Contes de pluie et de lune à la fois comme une anthologie des styles, une délicate mise en scène de traits d'humour, et un modèle du genre romanesque nouveau du Yomi-hon.

Au fil des neuf récits, les revenants se comportent soit comme des êtres avides de vengeance, pervers, fourbes, soit, au contraire comme des modèles de vertu et d'honnêteté. L'auteur dresse ainsi une véritable galerie de spectres, leur donnant une personnalité souvent bien plus originale que celle des humains qu'ils sont venus tourmenter ou réconforter.

Le spectaculaire, les transformations multiples, le disputent au macabre, mais aussi à l'humour. Le moine hanté par l'esprit d'un ancien maître du bouddhisme zen se trouve réduit à l'état de crâne, sinistre relique qui continue à réciter en permanence le vers sur lequel le maître zen lui a ordonné de méditer.

Ueda Akinari a composé, à la fin de sa vie, une autre série de contes demeurée inachevée, les Contes des pluies de printemps (Harusame-monogatari).