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CONTEXTE, linguistique

On appelle « contexte » l'entourage linguistique d'un élément (unité phonique, mot ou séquence de mots) au sein de l'énoncé où il apparaît, c'est-à-dire la série des unités qui le précèdent et qui le suivent : ainsi, dans l'énoncé « Marie est jolie comme un cœur », l'élément « comme » a pour contexte immédiat « jolie... un cœur » et pour contexte plus large l'environnement « Marie est jolie... un cœur ». Par extension, on parle également du contexte d'un énoncé au sein d'un discours pour désigner le ou les énoncés qui précèdent et suivent immédiatement l'énoncé considéré.

Dans cette acception, le terme « contexte » est parfois remplacé par celui de « co-texte », afin d'éviter la confusion entre le « contexte verbal » et le « contexte situationnel », qui désigne l'ensemble des circonstances dans lesquelles se produit un acte d'énonciation : situation culturelle et psychologique, expériences et connaissances du monde ; représentations mutuelles que chacun se fait de son ou de ses interlocuteurs, etc.

De proche en proche, on en arrive à parler de « contexte social », d'utilisation de la langue pour renvoyer à l'ensemble des conditions sociales qu'il est nécessaire de prendre en compte si l'on veut étudier, comme le fait par exemple la socio-linguistique, les relations entre le comportement social et le comportement linguistique des sujets parlants.

Les grammaires syntagmatiques

Les théories linguistiques ont d'abord recouru à la notion de « contexte » dans un sens technique, pour caractériser les propriétés des grammaires formelles utilisées pour décrire la syntaxe des langues. Dans le cadre de la grammaire générative de Noam Chomsky, on appelle « grammaires syntagmatiques » des grammaires de constituants destinées à décrire la base de la composante syntaxique, par opposition aux « grammaires transformationnelles », qui transforment les phrases de base en phrases dérivées. Les règles des grammaires syntagmatiques caractérisent certaines catégories dans les termes de leurs constituants. Par exemple, le groupe nominal est constitué d'un déterminant et d'un nom. Ces règles syntagmatiques sont des « règles de réécriture » de la forme générale XAY → XZY, qui signifie que l'élément A se réécrit Z dans le contexte X – Y. Et l'on distingue deux types de règles syntagmatiques, selon que X et Y sont, ou ne sont pas, nuls. Si X et Y sont nuls, les règles sont dites « indépendantes du contexte » ; ainsi la règle P → GN + GV (phrase se réécrit groupe nominal + groupe verbal), qui s'applique sans aucune limitation contextuelle, c'est-à-dire quel que soit l'environnement linguistique : des phrases aussi variées que « Paul dort », « Paul écrit un livre », « Paul est à Paris » sont toutes engendrées à partir de cette règle. En revanche, si X et Y ne sont pas nuls, les règles dont dites « dépendantes du contexte » ; ainsi la règle V →Vtr / – GN (verbe se réécrit verbe transitif s'il est suivi d'un groupe nominal), qui ne s'applique que dans le contexte d'un groupe nominal : d'après cette règle, « Paul atteint le sommet », « Paul annonce la nouvelle », « Paul déclare la guerre » sont des phrases possibles, mais pas « Paul atteint », « Paul annonce » ou « Paul déclare ». Les grammaires syntagmatiques qui contiennent des règles dépendantes du contexte sont dites elles-mêmes « grammaires dépendantes du contexte », et les grammaires qui ne contiennent que des règles indépendantes du contexte sont dites « grammaires indépendantes du contexte ». À la fin des années 1950, la question de la puissance des différents types de grammaire formelle et de leur adéquation à la description de la syntaxe des langues naturelles a fait l'objet de nombreux[...]

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