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CONTINUITÉ ET DISCONTINUITÉ, physique

La théorie quantique

En fait, si la physique microscopique ne peut éliminer la dichotomie du continu et du discontinu, la théorie quantique, née avec le xxe siècle, qui la régit, va mettre en œuvre cette dualité de façon originale. Considérons ses objets types, les quantons. Ils relèvent du discontinu, en ceci qu'ils peuvent se compter, au moyen des entiers naturels : on peut spécifier le nombre d'électrons dans un atome, et (même si cela est plus difficile) de photons dans un faisceau laser. Pourtant, les uns comme les autres manifestent des possibilités d'interférences, de superposition, et relèvent donc du continu ! Il faut alors considérer, et c'est là toute la leçon quantique, qu'il n'y a pas ici une, mais deux alternatives continu /discontinu, selon que l'on s'intéresse au nombre ou à l'étendue (spatiale) ; la vision classique, à tort, tient pour solidaires ces deux dichotomies et les identifie. Le champ (classique) certes est continu sous les deux aspects, et la particule (classique) discontinue sous les deux aspects ; mais le quanton possède un caractère discontinu du point de vue du nombre, et continu du point de vue de l'étendue. Loin de notre expérience commune, la nature quantique des constituants de la matière nous contraint à relativiser la validité de nos abstractions coutumières, et à admettre que si nous ne pouvons guère éviter d'imposer, en première approximation, la dichotomie continu /discontinu à notre appréhension du monde, il n'y a aucune raison que ce dernier s'y plie.

— Jean-Marc LÉVY-LEBLOND

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