- 1. Le mode d'action des pilules contraceptives
- 2. Des millions de femmes sous pilules combinées
- 3. Des pilules de moins en moins dosées
- 4. Vingt décès annuels pour quatre millions d'utilisatrices
- 5. Mises en garde et déremboursement
- 6. Un risque modulé par d'autres facteurs
- 7. La pilule progestative
- 8. Contraception d'urgence
- 9. Ne pas céder à la panique induite par les médias
- 10. Bibliographie
CONTRACEPTION HORMONALE
Parmi toutes les méthodes de régulation des naissances, la pilule occupe, en France, une place privilégiée, liée en partie à l'histoire singulière qu'a entretenue notre pays avec la contraception. Comment concevoir en effet que celle-ci ait pu rester illégale jusqu'en 1967 ? La loi du 31 juillet 1920, votée dans une France de l'après-guerre soucieuse de faire redémarrer la natalité interdisait toute forme de contrôle des naissances et toute « propagande anticonceptionnelle ». Elle a été abrogée par la loi Neuwirth du 28 décembre 1967, qui instaurait, enfin, le droit à la contraception, non sans de vives résistances. Il faudra attendre 1972 pour que soient publiés tous ses décrets d'application. La pilule était pourtant utilisée comme contraceptif aux États-Unis depuis 1960 et commercialisée en France pour d'autres indications. La libéralisation de la contraception s'est donc faite avec la pilule, ce qui peut expliquer en partie la prépondérance de la contraception hormonale en France. C'est celle-ci que choisissent 57 p. 100 des femmes qui souhaitent une contraception, alors que c'est le cas pour 25 p. 100 seulement d'entre elles aux États-Unis, 28 p. 100 au Canada (la stérilisation étant la principale méthode de contraception dans ces deux pays) et 2 p. 100 au Japon, selon l'Institut national d’études démographiques (I.N.E.D.) et l'édition 2009 du World Contraceptive Use des Nations unies. Seuls quelques pays accordent une place comparable à la pilule, parmi lesquels l'Allemagne se distingue par des taux d'utilisation encore plus élevés que la France.
Le mode d'action des pilules contraceptives
Tous les contraceptifs hormonaux agissent en modifiant le cycle hormonal de la femme. Normalement, de la puberté à la ménopause, les ovaires sont en interaction constante avec deux structures situées dans le cerveau – l'hypophyse et l'hypothalamus –, par l'intermédiaire des hormones qu'ils sécrètent : œstrogènes et progestérone pour les ovaires, FSH (hormone folliculo-stimulante) et LH (hormone lutéinisante) pour l'hypophyse, et GnRH (gonadotropin releasing hormone) pour l'hypothalamus. La GnRH contrôle la production hypophysaire de FSH et de LH, qui contrôlent, à leur tour, la production ovarienne d'œstrogènes et de progestérone. Mais œstrogènes et progestérone exercent un contrôle en retour sur l'hypophyse et l'hypothalamus, freinant en particulier leurs sécrétions lorsque leur concentration dépasse un certain seuil. Les variations cycliques de la sécrétion de ces différentes hormones sont responsables de l'ovulation (déclenchée par un pic de LH) et des modifications de l'utérus nécessaires à l'implantation d'un ovule fécondé. En l'absence de fécondation, les règles surviennent et un nouveau cycle démarre. En cas de fécondation, le corps jaune gravidique issu des cellules qui entouraient l'ovule, puis le placenta sécrètent eux-mêmes de l'œstrogène et de la progestérone, qui vont mettre l'axe hypothalamo-hypophysaire au repos, interrompre les cycles et permettre la poursuite de la grossesse.
La contraception hormonale (fig. 1) s'immisce dans ce subtil mécanisme des cycles féminins en apportant des quantités constantes d'œstrogènes et de progestatifs (dérivés synthétiques de la progestérone) pour inhiber les sécrétions de l'hypophyse et de l'hypothalamus, comme au cours d'une grossesse. Ainsi, l'association d'œstrogènes et de progestatifs, et, dans une moindre mesure, les progestatifs seuls, contenus dans les pilules contraceptives bloquent l'ovulation de manière réversible, en mettant l'axe hypothalamo-hypophysaire au repos. Par ailleurs, les progestatifs épaississent la glaire sécrétée par le col de l'utérus, entravant ainsi[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Chantal GUÉNIOT : docteur en médecine
Classification
Médias
Autres références
-
PILULE CONTRACEPTIVE
- Écrit par Christiane SINDING
- 208 mots
Les premiers essais de contrôle hormonal de la conception furent entrepris en Allemagne dès les années 1920. Aux États-Unis, Gregory Pincus mène, à la Worcester Foundation, des recherches sur la fécondation chez les Mammifères, et montre qu'on peut contrôler la fécondation chez l'animal par l'administration...
-
NEUWIRTH LUCIEN (1924-2013)
- Écrit par François AUDIGIER
- 703 mots
- 1 média
...proposition de loi abrogeant la loi de 1920 criminalisant la propagande anticonceptionnelle. Pour défendre son texte sur la régulation des naissances (loi sur la pilule contraceptive qui portera bientôt son nom), il rédige un ouvrage (le Dossier de la pilule, 1967) qu’il présente dans les médias.... -
PROGESTATIFS
- Écrit par Dominique BIDET , Jean-Cyr GAIGNAULT et Jacques PERRONNET
- 588 mots
Sous le terme de progestatifs on regroupe l'hormone naturelle, la progestérone, et toutes les molécules artificielles capables d'induire à des degrés divers des réponses biologiques. La progestérone est l'un des intermédiaires possibles de la biosynthèse des hormonesstéroïdes...