CONTRACEPTION HORMONALE

Des millions de femmes sous pilules combinées

Les pilules œstroprogestatives, ou pilules combinées, associent un œstrogène et un progestatif. Ce sont, de très loin, les plus prescrites. En 2011, plus de quatre millions de femmes, en France, prenaient une contraception orale combinée (fig. 2). Celle-ci a l'avantage d'avoir un indice d'efficacité théorique proche de 100 p. 100 dans les essais cliniques, grâce à son puissant effet inhibiteur de l'ovulation. Mais ne sont incluses dans ces études que des femmes extrêmement motivées et encadrées, qui respectent parfaitement les prises. Dans la réalité les échecs sont relativement fréquents. Plusieurs facteurs peuvent diminuer l'efficacité de la contraception orale, comme la prise de certains autres médicaments ou les vomissements et diarrhées profuses, qui réduisent l'absorption digestive des composés actifs de la pilule. Mais le grand point faible de la contraception orale est le risque d'oubli, qui diminue l'efficacité de la pilule, en particulier lorsque plusieurs prises sont sautées lors de la première ou de la dernière semaine du cycle. Toutes les enquêtes soulignent la fréquence des oublis lors des traitements de longue durée. La pilule n'échappe pas à la règle. Une équipe américaine a cherché à préciser objectivement la fréquence de ces oublis à l'aide de piluliers électroniques permettant de comptabiliser les prises. Cent trois femmes ont participé à cette étude, qui a duré trois mois. Au cours de chacun des trois mois, entre 53 et 59 p. 100 des femmes ont déclaré ne jamais avoir oublié une prise. Les données électroniques montrent qu'en réalité entre 66 et 81 p. 100 avaient oublié au moins une prise au cours de chacun des trois mois. Entre 30 et 51 p. 100 en avaient oublié au moins trois. En population générale, la proportion d'échec, toutes pilules confondues, atteint 9 p. 100 (9 grossesses pour 100 utilisatrices) au cours de la première année, selon une étude américaine. En termes d'efficacité dans les conditions réelles d'utilisation, cela place la pilule derrière les dispositifs intra-utérins (stérilets) au cuivre et les contraceptions hormonales de longue durée, comme les progestatifs injectables, actifs pendant trois mois, l'implant contraceptif, qui libère un progestatif pendant trois ans sous la peau, ou le dispositif intra-utérin hormonal, qui diffuse le progestatif dans l'utérus pendant cinq ans. En revanche, la contraception orale est plus efficace que les méthodes barrières (préservatifs, diaphragme ou cape cervicale, spermicides), qui exposent non seulement au risque d'oubli, mais aussi à celui d'utilisation incorrecte. L'O.M.S. a classé la contraception orale œstroprogestative parmi les méthodes « très efficaces » en cas d'utilisation optimale, mais seulement parmi les méthodes « efficaces » dans la vie courante.