- 1. Le mode d'action des pilules contraceptives
- 2. Des millions de femmes sous pilules combinées
- 3. Des pilules de moins en moins dosées
- 4. Vingt décès annuels pour quatre millions d'utilisatrices
- 5. Mises en garde et déremboursement
- 6. Un risque modulé par d'autres facteurs
- 7. La pilule progestative
- 8. Contraception d'urgence
- 9. Ne pas céder à la panique induite par les médias
- 10. Bibliographie
CONTRACEPTION HORMONALE
Des pilules de moins en moins dosées
En décembre 2012, pour la première fois, en France, une jeune femme victime d'un accident vasculaire cérébral déposait plainte pour « atteinte involontaire à l'intégrité de la personne humaine » contre un laboratoire pharmaceutique commercialisant une pilule de troisième génération. À la fin de mars 2013, quatre-vingts plaintes visant cinq firmes et seize pilules de troisième et quatrième générations avaient été enregistrées en France. Ces procédures viennent rappeler que les contraceptifs oraux combinés sont des médicaments et, comme tout médicament, peuvent avoir des effets secondaires, même si les accidents graves sont exceptionnels. En réalité, toutes les pilules combinées augmentent le risque d'accidents vasculaires. En effet, l'œstrogène contenu dans ces pilules active la coagulation et favorise ainsi la formation de caillots dans les veines, à l'origine de phlébites et d'embolies veineuses. Il augmente également le risque d'accident artériel (accident vasculaire cérébral et infarctus). Plus de la moitié des accidents vasculaires survenant chez des femmes en âge de procréer sont liés à la contraception.
Le risque de complications vasculaires varie selon les pilules. Il dépend de la dose d'œstrogène, bien sûr, mais également de la nature chimique du progestatif.
Les premières pilules combinées étaient très fortement dosées en œstrogène (150 μg d'éthynil-œstradiol) et, de ce fait, responsables d'effets secondaires fréquents. Le développement de pilules dites normodosées (50 μg d'éthynil-œstradiol) , puis minidosées (15 à 30 ou 40 μg d'éthynil-œstradiol) a permis de diminuer le risque de complications cardio-vasculaires, sans le supprimer totalement. La meilleure tolérance des pilules minidosées est bien démontrée et, aujourd'hui, une seule pilule normodosée reste commercialisée en France, qui n'est plus utilisée que dans des cas particuliers. Parmi les pilules minidosées, des études récentes suggèrent que celles contenant 20 ou 15 μg d’éthinyl-œstradiol seulement pourraient avoir un risque vasculaire inférieur à celles dosées à 30 μg, mais cet avantage demande encore à être confirmé.
– Les progestatifs sont classés en générations selon leur date de mise sur le marché. Par facilité, on parle de génération d'une pilule, mais cela fait référence uniquement au progestatif qu'il contient. Une seule pilule de première génération, c'est-à-dire contenant un progestatif de première génération (la noréthistérone), reste disponible en France, et n'est presque plus utilisée. Elle est minidosée en œstrogène. La noréthistérone a l'inconvénient d'avoir un effet androgénique (c'est-à-dire masculinisant) marqué qui peut perturber les cycles et favoriser le développement d'une acné. Les données sont insuffisantes pour évaluer précisément le risque vasculaire de cette pilule par rapport aux autres pilules combinées.
Depuis 1973 sont commercialisées des pilules contenant un progestatif de deuxième génération, lévonorgestrel ou norgestrel, qui ont, elles aussi, des effets androgéniques, mais plus modérés. Les pilules de troisième génération contiennent du désogestrel, gestodène ou norgestimate. Elles ont été développées depuis 1984, dans l'espoir de disposer de pilules mieux tolérées, puisqu'elles contiennent des progestatifs moins androgéniques que les pilules de deuxième génération. Elles sont souvent moins dosées en éthinyl-œstradiol, ce qui a pu conduire à leur attribuer également une meilleure tolérance cardio-vasculaire. Dans la réalité, ces progestatifs ont un effet anti-œstrogénique moindre que ceux de deuxième génération. Bien que faiblement dosées en œstrogène, elles génèrent donc un climat plutôt œstrogénique, qui favorise au contraire le risque de thrombose.[...]
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Écrit par
- Chantal GUÉNIOT : docteur en médecine
Classification
Médias
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