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CONTRACEPTION HORMONALE

Des pilules de moins en moins dosées

En décembre 2012, pour la première fois, en France, une jeune femme victime d'un accident vasculaire cérébral déposait plainte pour « atteinte involontaire à l'intégrité de la personne humaine » contre un laboratoire pharmaceutique commercialisant une pilule de troisième génération. À la fin de mars 2013, quatre-vingts plaintes visant cinq firmes et seize pilules de troisième et quatrième générations avaient été enregistrées en France. Ces procédures viennent rappeler que les contraceptifs oraux combinés sont des médicaments et, comme tout médicament, peuvent avoir des effets secondaires, même si les accidents graves sont exceptionnels. En réalité, toutes les pilules combinées augmentent le risque d'accidents vasculaires. En effet, l'œstrogène contenu dans ces pilules active la coagulation et favorise ainsi la formation de caillots dans les veines, à l'origine de phlébites et d'embolies veineuses. Il augmente également le risque d'accident artériel (accident vasculaire cérébral et infarctus). Plus de la moitié des accidents vasculaires survenant chez des femmes en âge de procréer sont liés à la contraception.

Le risque de complications vasculaires varie selon les pilules. Il dépend de la dose d'œstrogène, bien sûr, mais également de la nature chimique du progestatif.

Les premières pilules combinées étaient très fortement dosées en œstrogène (150 μg d'éthynil-œstradiol) et, de ce fait, responsables d'effets secondaires fréquents. Le développement de pilules dites normodosées (50 μg d'éthynil-œstradiol) , puis minidosées (15 à 30 ou 40 μg d'éthynil-œstradiol) a permis de diminuer le risque de complications cardio-vasculaires, sans le supprimer totalement. La meilleure tolérance des pilules minidosées est bien démontrée et, aujourd'hui, une seule pilule normodosée reste commercialisée en France, qui n'est plus utilisée que dans des cas particuliers. Parmi les pilules minidosées, des études récentes suggèrent que celles contenant 20 ou 15 μg d’éthinyl-œstradiol seulement pourraient avoir un risque vasculaire inférieur à celles dosées à 30 μg, mais cet avantage demande encore à être confirmé.

– Les progestatifs sont classés en générations selon leur date de mise sur le marché. Par facilité, on parle de génération d'une pilule, mais cela fait référence uniquement au progestatif qu'il contient. Une seule pilule de première génération, c'est-à-dire contenant un progestatif de première génération (la noréthistérone), reste disponible en France, et n'est presque plus utilisée. Elle est minidosée en œstrogène. La noréthistérone a l'inconvénient d'avoir un effet androgénique (c'est-à-dire masculinisant) marqué qui peut perturber les cycles et favoriser le développement d'une acné. Les données sont insuffisantes pour évaluer précisément le risque vasculaire de cette pilule par rapport aux autres pilules combinées.

Depuis 1973 sont commercialisées des pilules contenant un progestatif de deuxième génération, lévonorgestrel ou norgestrel, qui ont, elles aussi, des effets androgéniques, mais plus modérés. Les pilules de troisième génération contiennent du désogestrel, gestodène ou norgestimate. Elles ont été développées depuis 1984, dans l'espoir de disposer de pilules mieux tolérées, puisqu'elles contiennent des progestatifs moins androgéniques que les pilules de deuxième génération. Elles sont souvent moins dosées en éthinyl-œstradiol, ce qui a pu conduire à leur attribuer également une meilleure tolérance cardio-vasculaire. Dans la réalité, ces progestatifs ont un effet anti-œstrogénique moindre que ceux de deuxième génération. Bien que faiblement dosées en œstrogène, elles génèrent donc un climat plutôt œstrogénique, qui favorise au contraire le risque de thrombose.[...]

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Médias

Effets des contraceptifs hormonaux sur la production des hormones qui contrôlent le cycle menstruel - crédits : Encyclopædia Universalis France

Effets des contraceptifs hormonaux sur la production des hormones qui contrôlent le cycle menstruel

Les trois niveaux d’action de la contraception hormonale - crédits : Encyclopædia Universalis France

Les trois niveaux d’action de la contraception hormonale

Les hormones du cycle menstruel sous pilule œstroprogestative - crédits : Encyclopædia Universalis France

Les hormones du cycle menstruel sous pilule œstroprogestative

Autres références

  • PILULE CONTRACEPTIVE

    • Écrit par
    • 208 mots

    Les premiers essais de contrôle hormonal de la conception furent entrepris en Allemagne dès les années 1920. Aux États-Unis, Gregory Pincus mène, à la Worcester Foundation, des recherches sur la fécondation chez les Mammifères, et montre qu'on peut contrôler la fécondation chez l'animal par l'administration...

  • NEUWIRTH LUCIEN (1924-2013)

    • Écrit par
    • 703 mots
    • 1 média
    ...proposition de loi abrogeant la loi de 1920 criminalisant la propagande anticonceptionnelle. Pour défendre son texte sur la régulation des naissances (loi sur la pilule contraceptive qui portera bientôt son nom), il rédige un ouvrage (le Dossier de la pilule, 1967) qu’il présente dans les médias....
  • PROGESTATIFS

    • Écrit par , et
    • 588 mots

    Sous le terme de progestatifs on regroupe l'hormone naturelle, la progestérone, et toutes les molécules artificielles capables d'induire à des degrés divers des réponses biologiques. La progestérone est l'un des intermédiaires possibles de la biosynthèse des hormonesstéroïdes...