- 1. Le mode d'action des pilules contraceptives
- 2. Des millions de femmes sous pilules combinées
- 3. Des pilules de moins en moins dosées
- 4. Vingt décès annuels pour quatre millions d'utilisatrices
- 5. Mises en garde et déremboursement
- 6. Un risque modulé par d'autres facteurs
- 7. La pilule progestative
- 8. Contraception d'urgence
- 9. Ne pas céder à la panique induite par les médias
- 10. Bibliographie
CONTRACEPTION HORMONALE
Ne pas céder à la panique induite par les médias
L'ampleur médiatique donnée aux plaintes déposées contre des pilules de troisième et quatrième générations vont-elles conduire certaines femmes à abandonner leur contraception ? Au début de janvier 2013, le Collège national des gynécologues-obstétriciens français (Cngof) s'inquiétait du risque de provoquer un « pill scare », tel que l'ont connu les Anglais en 1995, lorsque les pouvoirs publics ont recommandé de réserver les pilules de troisième génération aux femmes qui ne supportaient pas les pilules plus anciennes. À cette époque, les ventes de pilules de troisième génération avait chuté et un accroissement des I.V.G. avait été observé. Quatre ans après, les autorités sont revenues sur leur avis, mais en insistant sur la nécessité d'informer les femmes du risque vasculaire accru lié aux pilules de troisième génération.
En France, l'alerte sur les pilules de troisième et quatrième générations a eu des répercussions immédiates, dès décembre 2012. En mai 2013, ces pilules ne représentaient plus que 27 p. 100 des ventes de contraceptifs oraux combinés, contre 73 p. 100 pour les pilules de première et deuxième générations, selon les données de l'A.N.S.M. Toutes générations confondues, les ventes de pilules combinées ont baissé de 2,4 p. 100 sur la période de décembre 2012 à mai 2013 par rapport à la même période un an auparavant. Celles de patches et anneaux vaginaux ont également diminué, mais celles des implants progestatifs et des dispositifs intra-utérins ont progressé. Les ventes de stérilets, en particulier, ont augmenté de 43 p. 100. Globalement, on observe, cependant, une baisse des ventes de contraceptifs, mais de 1,1 p. 100 seulement (hors préservatif et sans Diane 35) pour la période de décembre 2012 à mai 2013, par rapport à décembre 2011-mai 2012 (3,7 p. 100 si l'anti-acnéique Diane est pris en compte).
En quelques mois, les prescriptions sont devenues ainsi plus conformes aux recommandations. Mais il sera très important de continuer à suivre les ventes de contraceptifs et les chiffres des IVG, pour déceler un éventuel impact négatif de cet épisode sur la contraception. En effet, les accidents dramatiques qui se produisent chaque année, rarissimes si les contre-indications sont respectées, ne doivent pas faire oublier l'avancée majeure qu'a représentée la contraception orale. Faciliter l'accès à des méthodes contraceptives variées est essentiel pour prévenir les grossesses non désirées. Aux États-Unis, le Collège américain des gynécologues et obstétriciens est même allé jusqu'à plaider, récemment, pour que les pilules contraceptives soient en vente libre, ce qui reflète sans doute avant tout les insuffisances de la santé publique dans ce pays. En France, depuis le 31 mars 2013, les pilules de première et deuxième générations, ainsi que l'implant contraceptif hormonal et le stérilet sont délivrés gratuitement en pharmacie aux adolescentes de 15 à 18 ans, sur présentation d'une ordonnance et de la carte vitale de leurs parents. Mais encourager un large accès à la contraception orale suppose une rigueur extrême sur la sécurité des pilules. Pour les pouvoirs publics cela implique la mise en place d'une pharmaco-vigilance plus réactive et une meilleure information des professionnels et du public. Les médecins doivent, quant à eux, être très attentifs à l'information de leurs patientes et au respect des contre-indications, pour que chaque femme puisse choisir sa contraception en connaissance de cause et sans s'exposer à un risque évitable.
Dans ce contexte et depuis le début de l'année 2013, on a assisté à une baisse massive de la prescription de pilules de 3e et 4e génération (les ventes passant de 50 p. 100 des contraceptifs oraux à 25 p. 100) sans[...]
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Écrit par
- Chantal GUÉNIOT : docteur en médecine
Classification
Médias
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