CONTRE-RÉVOLUTION
Les insurrections armées
Ni les armées d'émigrés, ni les complots n'ont sérieusement mis en danger la Révolution. Il n'en fut pas de même des insurrections qui secouèrent l'ouest et le midi de la France, puis Paris.
Au soulèvement de l'Ouest on assigne diverses raisons. L'origine religieuse est difficilement contestable. Le refus de la Constitution civile du clergé (sorte de réorganisation laïque de l'Église) par un nombre élevé de prêtres de Normandie et de Bretagne, à la suite de la condamnation pontificale, a contribué à jeter beaucoup de paysans dans la lutte armée contre la Révolution athée. L'opposition ville-campagne a joué aussi : les révolutionnaires, bourgeois, acquéreurs de biens nationaux ou animateurs de loges maçonniques, sont dans les villes ; les paysans, en revanche, restent sous l'influence des seigneurs, d'autant que dans bien des régions de l'Ouest le régime féodal était assez doux. La mort de Louis XVI enfin provoqua un choc profond. Y eut-il complot et quel fut le rôle exact du marquis de la Rouairie ? Les historiens sont divisés. C'est en tout cas la levée en masse décrétée par la Convention en février 1793 qui mit le feu aux poudres, les ruraux de l'Ouest refusant d'aller servir loin de leurs fermes sous les ordres d'officiers issus des villes.
Le 12 mars 1793, commence la guerre de Vendée aux cris de : « À bas la milice ! » Guerre de partisans, favorisée par la nature du bocage, c'est la « petite guerre » dont Grandmaison avait défini les règles en 1756.
D'abord victorieuse, l'armée catholique et royale est défaite à Cholet le 17 octobre 1793, puis anéantie à Savenay le 23 décembre. Aux opérations militaires trop audacieuses va donc succéder la simple guérilla. Puisaye, l'un des chefs de l'insurrection, passe en Angleterre pour déterminer Pitt à soutenir un débarquement d'émigrés. Dans l'intervalle, Charette négocie à La Jaunaie, puis Stofflet dépose les armes. Pacification éphémère. La guerre reprend et, au cours de l'été, les émigrés tentent enfin le débarquement prévu par Puisaye. Hoche écrase sans difficultés cette tentative mal préparée et mal soutenue par les Anglais.
La Vendée a parfois fait oublier d'autres insurrections : celle de Lyon, plus proche en 1793 du fédéralisme girondin que du royalisme, celles de Marseille et de Toulon. La chute de Robespierre a entraîné une première terreur blanche dans le Sud-Est. Les compagnons de Jéhu (ou plus exactement de Jésus) entreprirent la chasse aux Jacobins, sans qu'il fût toujours possible de distinguer entre les faits de droit commun et l'idéal politique.
En fait, la partie décisive se joue à Paris. La nouvelle Constitution, discutée en 1795, établissait un régime constitutionnel censitaire proche de celui de 1791 et permettait aux royalistes de nourrir l'espoir d'une victoire aux élections, première étape vers une restauration monarchique. Devant ce danger, les thermidoriens, peu soucieux de laisser la place, prirent un décret décidant que, parmi les nouveaux députés, il y aurait obligatoirement deux tiers de Conventionnels. Les royalistes tentèrent alors l'épreuve de force. Ils firent marcher sur la Convention, le 13 vendémiaire (5 oct. 1795), les sections de Paris qui leur étaient favorables. Mal commandés par Danican, les bons bourgeois de la Garde nationale furent écrasés près de l'église Saint-Roch par les canons de Bonaparte.
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Écrit par
- Jean TULARD : professeur à l'université de Paris-IV-Sorbonne
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