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CONTRE-RÉVOLUTION

L'Empire

Idéologues contre néo-monarchistes

Le débat sur la Révolution ne cesse pas pour autant. À l'Institut et aux idéologues, tenants des Lumières, s'opposent les néo-monarchistes, hommes nouveaux, occupant souvent des emplois officiels et animant des feuilles dont l'influence est grande, l'une d'elles, Le Journal des débats, dépassant 30 000 exemplaires. En 1819, Chateaubriand évoquera ses camarades de lutte, ces adversaires de la Révolution qui limitèrent, prudemment il est vrai, leur action à un débat d'idées : « Lorsque la France, fatiguée de l'anarchie, chercha le repos dans le despotisme, il se forma une ligue des hommes de talent pour nous ramener aux doctrines conservatrices de la société. MM. de La Harpe, de Fontanes, de Bonald, M. l'abbé de Vauxcelles, M. Guéreau de Mussy écrivaient dans Le Mercure ; MM. Dussault, Feletz, Fiévée, Saint-Victor, Boissonade, Geoffroy, M. l'abbé de Boulogne combattaient dans Le Journal des débats. » L'attaque est menée contre les philosophes. Geoffroy, dans son feuilleton des Débats, s'en prend au « fanatisme » de Voltaire. Ses critiques choisissent aussi pour cible les contemporains plus ou moins suspects de sympathie pour les Lumières : Mercier, Jouy, Collin d'Harleville, Picard, Étienne, Raynouard. En 1804, la polémique entre Geoffroy dans les Débats et Roederer, libéral, dans Le Journal de Paris, devient si violente que Napoléon doit l'interdire. Une doctrine se dégage, refusant l'esprit critique et l'abstraction du xviiie siècle, affirmant le respect de la foi (Chateaubriand vient d'écrire le Génie du christianisme) et une certaine admiration pour les institutions de l'Ancien Régime. Assez curieusement, ce néo-monarchisme reste national. Comme plus tard l'extrême droite vitupérera la musique « germanique » de Wagner ou de Suppé, les auteurs du Mercure ne font aucune référence aux contre-révolutionnaires allemands, Brandès ou Gentz.

Ce courant monarchiste s'est rallié dès 1802 à Bonaparte. Il trouve dans l'Empire et l'hérédité un régime fort, à défaut d'être tout à fait légitime, empêchant un retour de la Révolution.

Les Chevaliers de la foi

Le premier, Chateaubriand prend, prudemment, ses distances après l'exécution du duc d'Enghien. Mais c'est l'arrestation du pape, en 1809, qui relance l'opposition contre-révolutionnaire. Ferdinand de Bertier, fils de l'intendant de Paris massacré en juillet 1789, regroupe autour de lui un certain nombre de jeunes catholiques de bonne noblesse (Montmorency, Noailles) dans une association secrète, les Chevaliers de la foi, dont le modèle est moins les fameux « collets noirs », royalistes du Directoire, popularisés par Boisgobey, que la franc-maçonnerie rendue responsable de la Révolution. Toujours l'idée de reprendre les méthodes de l'adversaire.

Les Chevaliers de la foi ont contribué à diffuser la bulle d'excommunication de Napoléon par Pie VII ; ils ont été mêlés, avec l'abbé Lafon, à l'affaire Malet qui aboutit à l'arrestation des chefs de la police (Savary, Pasquier, Desmarest), mais ne put renverser le régime : ils ont, en 1814, à la faveur des défaites de Napoléon, provoqué la défection de Bordeaux puis de Toulouse, mais c'est à Paris que d'autres acteurs portent le coup décisif : Talleyrand, Vitrolles, Semallé.

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Paris-IV-Sorbonne

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