CONTREBASSE
Instrument à cordes et à archet, appartenant à la famille des violons, dont elle épouse globalement la forme ; mais, comme elle ne descend pas de la viola da braccio, la contrebasse appartient par son origine à la famille des violes ; c'est donc une basse de viole, qui fut modifiée lorsqu'elle entra dans la famille des violons. Cet instrument apparaît au xviie siècle, bien qu'on ne puisse préciser à quelle date le violone italien ou la contrebasse de viole de gambe lui donnèrent naissance. Elle a les épaules étroites et tombantes, la table inférieure plate, quelque peu oblique vers le haut, de larges éclisses : tous caractères qui signent son origine à partir des gambes. La spirale, le nombre des cordes et le chevalet moins plat proviennent de son appartenance à la famille des violons. Au début, elle avait cinq ou six cordes (Praetorius en compte cinq en 1619) ; aujourd'hui, elle possède, suivant les modèles, quatre ou cinq cordes, soit mi 1, la 1, ré 2, sol 2 ou ut 1, mi 1, la 1, ré 2, sol 2. On écrit une octave plus haut qu'elle ne joue (clé de fa quatrième ligne). À l'orchestre, elle monte environ jusqu'au la 3. On rencontre des contrebasses à quatre cordes dotées d'un levier qui permet de descendre jusqu'à l'ut grave (quatrième corde). Les contrebasses à trois cordes sont accordées en sol 1, ré 2, la 2 en Italie et en la 1, ré 2, sol 2 en Angleterre. L'instrument mesure environ deux mètres et repose sur le sol par une tige de métal (comme le violoncelle). Bien que moins maniable que les autres instruments à cordes de la même famille, elle est capable toutefois des performances qui sont les leurs : trémolo, pizzicato, con sordino, doubles-cordes, sons harmoniques, staccato, flageolet, glissando, saut. Le pizzicato à la contrebasse produit un son plein et, dans une intensité piano, il ressemble à un léger coup de timbale. L'emploi de la contrebasse dans l'orchestre symphonique a suivi l'évolution de la technique des luthiers et celle des instrumentistes. Ce n'est qu'avec Mozart (Don Juan, scène de la statue du Commandeur) et Beethoven (Ve Symphonie, scherzo) qu'une partie spéciale a été écrite pour l'instrument ; auparavant, la contrebasse se contentait de doubler la partie de basse confiée ordinairement au violoncelle. En 1663, Chabanceau de La Barre est contrebassiste dans la Musique du roi. En 1706, dans l'Alcyone de M. Marais, on joue de la contrebasse à l'Opéra.
On peut retenir quelques noms de virtuoses classiques ; ainsi Domenico Dragonetti (1763-1846), Gio Bottesini (1821-1889), J. Hrabé, W. Hause, E. Storch, E. Nanny, Serge Koussevitsky (1874-1951) qui fut aussi un remarquable chef d'orchestre. On a écrit des œuvres pour contrebasse solo. Bien qu'on ignore ce qu'il jouait, on sait cependant que l'Allemand Joseph Kaempfer se fit entendre en soliste à Paris, en 1787, au concert spirituel. Il avait baptisé son instrument Goliath !
Dans les orchestres de danse moderne et de jazz, la contrebasse tient un rôle capital : elle sert à la fois de basse et de percussion. Parmi les « bassistes » célèbres, contentons-nous de citer Pops Foster (avec Louis Armstrong), « Bass » Edwards, Jimmy Blanton, Wellman Brand et Oscar Pettiford (avec Duke Ellington), Walter Page (avec Count Basie), Ray Brown (avec Dizzy Gillespie), Paul Chambers (avec Miles Davis), Red Callender (avec Charlie Parker), Scott La Faro, Sam Jones, Richard Davis, Charlie Haden, Chuck Israel, Charlie Mingus.
Dans les familles des instruments de cuivre, la contrebasse tient aussi la partie destinée au soutien de l'harmonie fondamentale (cornet, tuba et saxhorn, contrebasson, clarinette contrebasse).
À l'orgue, enfin, la contrebasse est un jeu ouvert de la famille des flûtes, de 16 ou de 32 pieds. Lorsqu'elle est à côté[...]
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Écrit par
- Pierre-Paul LACAS : psychanalyste, membre de la Société de psychanalyse freudienne, musicologue, président de l'Association française de défense de l'orgue ancien
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