Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

CONTRÔLE CENTRAL DE L'APPÉTIT

Contribution du système de la récompense dans la prise alimentaire

Le système dopaminergique de récompense - crédits : Encyclopædia Universalis France

Le système dopaminergique de récompense

La nourriture est considérée comme un renforçateur naturel, c’est-à-dire un stimulus qui va conduire à l’établissement d’une stratégie sur le long terme pour réitérer cette expérience. Cette propriété renforçatrice peut s’expliciter en termes de plaisir – la valence positive associée à un aliment. Par exemple, « j’aime le chocolat » est une importante composante de la motivation à obtenir l’aliment (« je veux, je désire du chocolat »). De très nombreux processus cognitifs, sensoriels et métaboliques sont engagés dans ce type de réponse et reposent sur l’action concertée de multiples types cellulaires, neurotransmetteurs et neuropeptides. La dopamine est considérée comme l’un des acteurs prépondérants dans ce processus. La première exposition d’un aliment qui sera considéré comme agréable au goût (palatable) se traduira par une libération de dopamine par les neurones de l’aire tegmentale ventrale (VTA) dont les axones font synapse sur les structures du cortex, de l’amygdale, du striatum et de l’hippocampe notamment. La libération et l’action au niveau postsynaptique de la dopamine sur les récepteurs dopaminergiques des structures méso-cortico-limbiques est un élément fondamental de l’attribution de cette première valence positive « j’aime ». Une fois celle-ci attribuée, la dopamine aura un rôle dans la prédiction d’obtention de cette récompense. Ainsi, des stimuli environnementaux, la vue, l’odorat, le toucher ou bien les indices visuels qui ont été associés à l’obtention de la récompense vont provoquer la libération de dopamine. La dopamine ainsi libérée en réponse à l’anticipation de cette récompense sert de signal prédisant l’obtention de cette dernière. Dans la célèbre expérience de Pavlov, le son d’une cloche est associé à la présentation de nourriture à un chien : très vite, l’animal s’est mis à saliver au son de la cloche censée annoncer l’arrivée de la nourriture. La libération de dopamine et l’intégration de son signal au niveau central sont un pilier de cette association entre le son de la cloche et la récompense qu’il prédit. Lorsque la composition de la nourriture s’enrichit en facteurs dits « appétents » (souvent une combinaison de sucre, graisse et sel), la libération de dopamine et l’intégration de son signal augmentent. Le plaisir à manger est conditionné par les besoins énergétiques (restaurer les stocks), comme l’exprime si bien la citation de Cervantès devenue proverbiale et selon laquelle « la meilleure sauce du monde, c’est la faim ». Cependant, d’autres facteurs comme le stress, l’anxiété ou l’ennui vont aussi stimuler l’envie de manger, non pas nécessairement pour éviter une déplétion énergétique trop importante, mais aussi pour produire un effet anxiolytique, dans lequel une nourriture appétente va apporter un réconfort. La dopamine dans le système méso-cortico-limbique est aussi le substrat par lequel les drogues d’abus exercent leurs effets. En effet, la propriété de la plupart des drogues récréatives est de stimuler la production et la libération de dopamine. Les phénomènes d’accoutumance et de manque sont eux aussi intimement liés à l’adaptation du système dopaminergique à une sollicitation extrême. Ainsi un parallèle peut-il être établi entre certains comportements alimentaires de type compulsif et hyperphagique et l’addiction aux drogues. La nourriture ne peut cependant pas être considérée comme une drogue, ce qui serait très réducteur ; mais une perturbation des capacités à produire une satisfaction et un plaisir « récompensant » ou, au contraire, une sensibilité accrue aux effets anxiolytiques et réconfortants de la nourriture peuvent se traduire par une perturbation du système de récompense et une relative dépendance.[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : directeur de recherche CNRS, université Paris Cité

Classification

Médias

Voies de signalisation de la prise alimentaire - crédits : Encyclopædia Universalis France

Voies de signalisation de la prise alimentaire

Intégration neuronale des signaux de faim et de satiété - crédits : Encyclopædia Universalis France

Intégration neuronale des signaux de faim et de satiété

Contrôle de l’axe thyréotrope de la prise alimentaire - crédits : Encyclopædia Universalis France

Contrôle de l’axe thyréotrope de la prise alimentaire