SAINT-MÉDARD CONVULSIONNAIRES DE
Le 1er mai 1727, au cœur de la querelle qui s'était élevée autour de l'acceptation de la constitution Unigenitus et de l'appel au concile lancé par des évêques et de nombreux prêtres contre ce document condamnant Pasquier Quesnel, un diacre appelant, François de Pâris, meurt à Paris à l'âge de trente-sept ans. Il était le fils aîné d'un conseiller au Parlement, qui aurait voulu lui laisser sa charge ; mais la piété de l'enfant vainquit ses parents, qui l'envoyèrent étudier chez les oratoriens, au séminaire Saint-Magloire. Il vécut de manière très édifiante. Ordonné sous-diacre, puis diacre, il se jugea indigne d'accéder au sacerdoce, se retira chez les ermites du mont Valérien, près de Paris. En 1717, il avait adhéré à l'acte des quatre évêques appelants, puis, en 1720, au second appel contre l'accommodement ; en 1726, peu avant sa mort, il avait signé l'appel des curés de Paris et d'autres ecclésiastiques contre un mandement de l'évêque de Saintes. Il avait un renom de sainteté dans le parti des appelants.
La tombe de Pâris, dans le cimetière jouxtant l'église de Saint-Médard, sa paroisse, fut bientôt le lieu de réunion des appelants ; on y venait en pèlerinage et bientôt le bruit s'accrédita de miracles causés par le contact avec le tombeau du diacre. En 1732, inquiet des troubles produits par ces réunions populaires, le gouvernement fit fermer le cimetière. La diffusion des reliques du diacre n'en fut pas arrêtée pour autant et les miracles continuèrent, souvent accompagnés de convulsions violentes et de scènes d'extase collective ; de là vient le nom de convulsionnaires donné, à partir de 1735, aux partisans du diacre Pâris. Le mouvement se répandit en province, surtout dans les milieux populaires (mais le principal défenseur, Carré de Montgeron, était un parlementaire parisien) : mal connu à partir du milieu du xviiie siècle, il semble avoir subsisté jusqu'au début du xixe siècle. Mais les thèmes doctrinaux primitifs avaient depuis longtemps été remplacés par un besoin de surnaturel et d'extraordinaire que le rationalisme religieux ambiant semblait ne plus pouvoir satisfaire. À ce titre, le mouvement convulsionnaire mérite l'attention des historiens.
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Écrit par
- Jean-Robert ARMOGATHE : directeur d'études à l'École pratique des hautes études, sciences religieuses
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Autres références
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HYSTÉRIE (histoire du concept)
- Écrit par Thérèse LEMPÉRIÈRE
- 7 609 mots
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...paroxysme. L'épidémie de danse de Saint-Guy qui sévit en Allemagne à la fin du Moyen Âge, les sabbats de sorcières relatés dans les procès de sorcellerie, les scènes d'hystérie convulsive autour du baquet de Mesmer ou sur la tombe du diacre Pâris au cloître Saint-Médard, les conversions épidémiques du revivalisme...