Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

COOP HIMMELB(L)AU

Aventure collective et grande figure de l'architecture expérimentale fondée sur le principe de la recherche, l'agence Coop Himmelb(l)au voit le jour en 1968. Créée par Wolf Prix, architecte viennois, Helmut Swiezinsky, architecte d'origine polonaise, et Michaël Hölzer, architecte autrichien, qui quittera le groupe en 1971, l'agence joue sur les mots allemands « construire le ciel » et « bleu », ce qui explique la parenthèse encadrant le l de Blau. L'équipe s'est d'emblée placée sur le terrain de l'architecture prospective, combattant par là même le fonctionnalisme qui faisait rage dans les années 1960-1970. En 1969, l'homme a marché sur la lune... De ce « grand pas pour l'humanité », Prix et Swiezinsky ont retenu le cliché de la terre vue de « là-haut ». Il n'en fallait pas plus pour remettre en cause la perspective classique. Dès lors Coop Himmelb(l)au n'a eu de cesse de promouvoir la dynamique dans l'architecture. En 1967, ils imaginent des villes « battant comme un cœur », dont les espaces sont conçus comme des « ballons palpitants »... Si la première réalisation de ce groupe date de 1977 (le Reissbar de Vienne), c'est leur intervention sur un toit de la capitale autrichienne, Falkerstrasse, pour l'aménagement des bureaux d'un cabinet d'avocats (1984-1989) qui va accélérer leur reconnaissance internationale. On retrouve Coop Himmelb(l)au à New York en 1988 : le groupe figure parmi la poignée d'architectes rassemblés dans la célèbre exposition du Museum of Modern Art Deconstructivist architecture. En 1991, il est à Bilbao comme le Japonais Isozaki et le Californien Gehry pour imaginer le futur musée Guggenheim... En 1992, le Centre Georges-Pompidou leur consacre une importante exposition monographique.

Mais ce travail intense de recherche débouche difficilement sur des commandes. Parmi celles qui ont failli aboutir, citons l'emblématique projet de l'Open House, conçu en 1983 pour un vieux psychanalyste autrichien qui voulait finir ses jours à Malibu, en Californie. Soulignons que les premiers concepts de cette maison expérimentale de 250 mètres carrés ont été réalisés les yeux fermés, les architectes utilisant leurs mains « comme un sismographe ». Définie par leurs auteurs comme « explosive », la maison n'est pas figée mais évolutive. Sa structure, des plus légères, semble la faire flotter dans l'air au bord de l'océan. On notera que l'entrée se fait par un grand escalier, élément qui, avec le porte-à-faux, participe à la dynamique de l'architecture de Coop Himmelb(l)au en général. Si la maison n'a jamais été construite, les plans d'exécution ainsi que les éléments préfabriqués de ce projet existent, et tandis que le Fonds régional d'art contemporain du Centre s'est porté acquéreur des maquettes, les droits d'auteur ont été rachetés par Sotheby's. Les années 1990 seront pour Coop Himmelb(l)au une décennie placée sous le signe de la matérialisation des concepts. En 1994, le groupe autrichien livre le pavillon Est du musée de Groningue aux Pays-Bas dont les façades rouges chinées portent le dessin (très agrandi) du projet ; en 1995 ouvre le Centre de recherches à Seibersdorf en Autriche, variation sur le thème de la poutre et de l'espace intérieur. En 1996, on remarque leur intervention à la biennale de Venise : le groupe a opéré une transformation radicale (avec toiture débordante et mur incliné de verre) du pavillon autrichien construit par Josef Hoffmann en 1932, œuvre rétrospective. C'est à cette biennale que le public découvre le fabuleux projet d'un cinéma à Dresde. Dans cette ancienne ville baroque se dresse aujourd'hui l'Ufa Palast, un multiplexe (1994-1998) dont le cinéma ne fut que le prétexte à créer un lieu époustouflant[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : journaliste, critique d'architecture, rédacteur en chef de la revue D'architectures

Classification