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COPI RAÚL DAMONTE, dit (1939-1987)

Né en 1939, à Buenos Aires, d'un père poète, peintre, directeur de journal exilé sous Perón, et qui va le ballotter de Montevideo à Rio de Janeiro en passant par Paris avant de regagner l'Argentine et d'une mère anarchiste et athée convertie au catholicisme la quarantaine venue, Copi aura été toute sa vie l'« inclassable », l'« insaisissable », celui par qui le scandale arrive, qui fascine et qu'on honnit.

S'il se montra trivial, obscène, provocateur jusqu'aux limites du supportable, il fut en même temps innocent, naïf, d'une troublante fraîcheur touchant à la poésie.

Il signe ses premiers dessins – politiques – et ses premières pièces en Argentine, avant d'ouvrir la voie de l'exil aux « Argentins à Paris », ville où il s'installe définitivement en 1962. De fait, seul, en compagnie de Alfredo Arias, Jorge Lavelli ou encore avec Arrabal, Jérôme Savary, Alejandro Jodorowsky au cours des « happenings » de l'« avant-68 », Copi ne va cesser de défrayer la chronique. D'abord comme dessinateur à L'Observateur – où s'impose dès 1962 son célèbre personnage de la « femme assise », sorte d'oracle moderne qui, pressé de questions par un personnage angoissé, énonce de manière sentencieuse des vérités absurdes, mais aussi à travers une dizaine d'albums, des recueils de nouvelles, et, surtout, à travers son théâtre, de La Journée d'une rêveuse – sa première pièce créée en France, en 1967, par Jorge Lavelli – à L'Homosexuel ou la difficulté de s'exprimer (1971), sans oublier Eva Perón (1970), avec le Groupe Tse et Alfredo Arias, Les Quatre Jumelles (1973), Loretta Strong (1974), La Tour de la Défense (1978), La Femme assise, qui transpose pour la scène son personnage dessiné (1984), ou encore Le Frigo, qu'il joue et met lui-même en scène au festival d'Automne en 1983...

À travers son œuvre, c'est toujours le même univers qu'on retrouve. Un univers peuplé uniquement de « folles », de « paumés », de travestis, d'androgynes, de maquereaux, de lesbiennes... Mais un univers, surtout, de souffrance et de solitude, de douleur et de révolte contre les mépris, les « interdits », les moralismes, les hypocrisies, emporté dans un délire bouffon, baroque, « hénaurme ». Tragique. A l'image de son auteur. C'est encore cette image qu'il nous laisse avec, Une visite inopportune, qui sera créée en 1989, quelques mois après sa mort par Jorge Lavelli : histoire sans histoire, mais aux allures testamentaires, d'un vieil acteur homosexuel se mourant du sida. Sa dernière pièce, Cachafaz, est montée par Alfredo Arias au théâtre de la Colline en 1993.

— Didier MÉREUZE

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Écrit par

  • : journaliste, responsable de la rubrique théâtrale à La Croix

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  • LES CAHIERS DESSINÉS (exposition)

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    ...pas de côté et réalisateur de l’utopique L’An 01, des planches de son indéfinissable personnage, Berck, convoquent toujours un imaginaire inouï. Copi (1939-1987) et sa dame assise, vedette du Nouvel Observateur entre 1964 et 1974, confirme son pouvoir incongru. Trop rarement évoqué, Pierre Fournier...