COPTES
L'Église copte : la tradition monophysite
D'après la tradition locale, la fondation de l'Église copte remonterait à saint Marc, l'un des quatre évangélistes. La ville grecque d'Alexandrie connut certainement très tôt l'Évangile. De là il se répandit, quelquefois sous forme gnostique, dans l'arrière-pays copte. Le monachisme chrétien y naquit à la fin du iiie siècle, exerçant une influence décisive sur l'Église du pays. Cependant le concile de Chalcédoine fut encore plus décisif pour son histoire : par fidélité au vocabulaire de saint Cyrille, l'Église copte combattit les nouvelles formulations christologiques et s'engagea ainsi dans la voie d'un monophysisme au moins verbal. Dans ces circonstances, son patriarche, Dioscore, fut déposé à l'instigation de Constantinople. Dès lors, la crise évolua dans le sens d'une rivalité entre grandes métropoles ecclésiastiques. Tandis que les moines coptes prenaient inconditionnellement et violemment parti pour leur patriarche, la population grecque des villes se ralliait à l'orthodoxie de l'Église d'Empire : finalement l'opposition entre deux cultures et deux nationalismes allait envenimer la discussion doctrinale et rendre définitive la rupture entre l'Église copte et la Grande Église. Si les tentatives infructueuses de compromis doctrinaux ne manquèrent pas de la part des empereurs (par exemple, l'Hénotique de Zénon), il reste que de trop nombreuses violences furent commises de part et d'autre tant que les Byzantins occupèrent l'Égypte. Aussi n'y a-t-il pas lieu de s'étonner de l'accueil que les coptes réservèrent aux envahisseurs arabes en 640.
Coptes et musulmans
Désormais la coexistence avec l' islam conditionnera l'histoire de l'Église copte. Au début, comme les hadith attribués à Mahomet en témoignent, l'islam se montra favorable, accordant aux coptes les églises des orthodoxes. Mais bientôt le droit musulman fut strictement appliqué : interdiction de construire des églises nouvelles et de réparer les anciennes, prescriptions vestimentaires et surtout capitation personnelle (djyzia) de plus en plus lourde, restée en vigueur jusqu'au xixe siècle. Plus que les persécutions violentes qui demeurèrent rares, cette discrimination légale continue explique le passage progressif de la majorité des coptes à l'islam. La dynastie khédiviale mit fin aux vexations, puis la lutte commune des coptes et des musulmans pour la libération nationale, au sein du Wafd, améliora durablement leurs rapports, bien que l'État égyptien soit demeuré constamment un État confessionnel islamique. Ainsi, en 1982 encore, la loi interdit-elle le mariage d'un copte et d'une musulmane et tout passage de l'islam au christianisme. Dans ce contexte, la nationalisation des biens d'Église (waqf), sous Nasser, fut diversement appréciée. Cependant, les tensions confessionnelles des années 1977-1981 (assassinats de prêtres et de fidèles, incendies d'églises) doivent être clairement attribuées à des minorités islamiques intégristes dont le fondamentalisme menaçait l'État lui-même. La destitution du patriarche Chenouda III et l'arrestation de huit évêques par Sadate, en septembre 1981, pouvaient être destinées, dans le contexte national, à permettre de sévir contre les leaders islamiques extrémistes. Dans le destin de la cohabitation islamo-chrétienne, l'avenir de l'Église copte, la plus nombreuse du monde arabe, avec plus de quatre millions de fidèles, sera regardé comme paradigmatique.
Le renouveau
La relative émancipation sociale et légale du xixe siècle a permis une évolution interne où les laïcs ont joué le premier rôle face à une hiérarchie alors peu instruite : constitution d'un conseil de communauté (Maglis-Milli, 1874), renouveau[...]
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Écrit par
- Pierre DU BOURGUET : vice-président de la Société française d'égyptologie, conservateur en chef honoraire des Musées nationaux (Louvre), ancien professeur à l'École du Louvre
- Hervé LEGRAND : professeur honoraire à l'Institut catholique de Paris
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