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COPTES

La littérature copte

Passage du pharaonique au copte

Les premiers écrits dont puisse faire état la langue copte sont des pièces de transition. Il s'agit de transcriptions en lettres grecques (augmentées de sept lettres dérivant de signes égyptiens) de mots, puis de courts textes de la langue pharaonique. Elles sont la conséquence du bilinguisme créé dans l'administration sous les Ptolémées. Les plus anciens écrits connus remontent au iie siècle avant J.-C. : le graffite d'une titulature royale découvert à Abydos, une inscription sur pierre d'Achmounein, un fragment de glossaire bilingue. L'écriture jusque-là réservée à un mandarinat devenait accessible à la masse.

Le monde païen

Les textes où se manifeste une langue pratiquement fixée – dernière étape de la langue de l'Égypte ancienne avec deux catégories de mots nouveaux, ceux de l'administration, ceux de la religion – remontent au ier siècle de notre ère. Horoscopes ou formules d'exécration, ils relèvent de la magie et sont sans doute des traductions. La littérature magique plus directement copte se prolongera jusqu'à nos jours, surtout en formules couchées sur parchemin puis sur papier, servant d'amulettes. Le caractère exclusif du genre dans les débuts montre que l'initiative est partie du milieu sacerdotal des temples pharaoniques, maître depuis toujours, en vertu de la conception propre à cette religion, de l'appareil de la magie.

Ce milieu n'était pas moins ouvert aux courants d'idées du monde hellénistique, et notamment à ceux qui, devant la ruine des religions jusque-là dominantes, essayaient de saisir l'origine des forces de la nature. Ainsi s'explique auprès de l'élite, et aussi auprès de la masse, grâce à l'usage d'une écriture plus « lisible », le succès des écrits gnostiques et manichéens. Un lot très important des premiers (49 traités sur papyrus en 13 volumes), datant du ive siècle après J.-C., a été découvert en 1946 à Chénoboskion près de Nag Hammadi en Haute-Égypte. Ils constituent en fait, avec quelques autres moins considérables trouvés aussi en Égypte, les seuls exemples de ce genre d'écrits, dont les originaux grecs des iie et iiie siècles n'étaient jusque-là connus que par des citations d'Irénée et d'Épiphane. L'ensemble le plus ancien des textes manichéens est également une version copte du ive siècle sur papyrus, sans doute traduite du syriaque, trouvée en 1930 à Médinet Mâdi dans le Fayoum. L'importance de ces deux séries d'écrits dans le mouvement des idées de l'époque, auquel n'échappe point l'Égypte, est comparable à celle des manuscrits de la mer Morte.

La progression chrétienne

Les premiers textes chrétiens écrits en copte sont des traductions des deux Testaments. Les plus anciennes apparaissent à la fin du iie siècle de notre ère en fragments plus ou moins importants. Elles s'appuient sur le canon des Écritures fixé en grec par le Didascalée d'Alexandrie. Ces traductions allaient nourrir pendant des siècles la pensée des moines, dont on sait qu'ils apprenaient la Bible par cœur.

Les écrits apocryphes d'inspiration chrétienne (récits et apocalypses) font aussi du iie au vie siècle l'objet de traductions nombreuses. Leur succès, dû au désir de détails comme de merveilleux que ne satisfaisait pas la soumission aux faits des livres canoniques, est très grand en Égypte. Une certaine élaboration particulière au pays s'y révèle. Elle renchérit sur le goût pour les voyages extraordinaires et les prodiges et insiste sur un ascétisme démesuré.

D'autres séries de traductions élargissent chez les Coptes le champ de la littérature sacrée. Il y a déjà la liturgie et notamment les lectionnaires, où voisinent des passages de l'Écriture en grec et en copte, comme[...]

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Écrit par

  • : vice-président de la Société française d'égyptologie, conservateur en chef honoraire des Musées nationaux (Louvre), ancien professeur à l'École du Louvre
  • : professeur honoraire à l'Institut catholique de Paris

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Croix copte - crédits : A. Tessore/ De Agostini/ Getty Images

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