COQ GAULOIS
Utilisé dès l'Antiquité, on ne peut assurer que le coq servit d'enseigne aux Gaulois, encore qu'il apparaisse sur certaines monnaies. Il deviendra cependant symbole de la Gaule et des Gaulois à la suite d'un jeu de mots facile ; le terme latin gallus signifiant à la fois coq et Gaulois. La Renaissance devait mettre en rapport le coq et la France. Les rois Valois et Bourbons furent parfois accompagnés de cet oiseau symbolisant la France sur des gravures, monnaies, en-têtes de papier timbré, peintures, etc. Versailles et le Louvre connaissent le coq, qui reste cependant un emblème mineur. La Révolution en fait beaucoup plus large usage : c'est le symbole de la France ou plus précisément celui de la Vigilance, rejoignant ainsi en quelque sorte le coq des églises qui attend le lever du jour, image du Soleil de justice, c'est-à-dire du Christ. Le Directoire le conserve, au milieu d'autres objets, sur son sceau ; il somme le casque de la France assise, sur le papier à lettres du Premier consul, et se trouve aussi sur un écu, orné du bonnet phrygien et des lettres R.F., sur une médaille de 1801. Pourtant, si la commission des conseillers d'État proposa, en 1804, le coq à Napoléon Ier, celui-ci déclara n'en pas vouloir : « Le coq n'a point de force, il ne peut être l'image d'un empire tel que la France. » Il se fit donc rare par la suite. En 1817, on déclarait encore à la Société royale des antiquaires de France : « Le coq, gallus, animal consacré au dieu Mars, le symbole de la vigilance, du courage et de la valeur, fut l'emblème des Gaulois ; il est encore celui des Français. » L'imagerie s'empara du coq lors de la révolution de 1830. Le lieutenant général, duc d'Orléans, signa le 30 juillet une ordonnance mettant le coq gaulois sur les drapeaux et boutons d'habit de la garde nationale, et les drapeaux tricolores de l'armée en furent sommés : le coq remplaçait ainsi en quelque sorte l'aigle impériale : la patte dextre du volatile s'appuyait sur une boule marquée du mot France. Le sceau de l'État montre l'écu royal (armes d'Orléans puis tables de la loi représentant la Charte) posé sur six drapeaux dont la hampe est surmontée du coq. La IIe République fit graver le sceau de l'État qui sert encore, à peine rectifié, pour sceller les constitutions : la Liberté assise y tient un gouvernail marqué d'un coq à la patte posée sur une boule. On retrouvera encore le coq sur la hampe des drapeaux de l'armée, mais le prince-président y mettra l'aigle de son oncle. Sous la IIIe République le coq fut parfois utilisé sur un écu pour faire pendant aux armes d'un souverain venant en France. La grille du palais présidentiel de l'Élysée s'orna d'un coq du côté des Champs-Élysées (c'est la « grille du coq ») et la pièce d'or de 20 francs émise en 1899 porta aussi cet animal. Lors de la Première Guerre mondiale, on opposa souvent graphiquement coq gaulois et aigle allemande. Cependant, le volatile national ne fait plus partie de la symbolique actuelle, la France étant souvent représentée par une femme coiffée d'un bonnet phrygien, c'est la Marianne des mairies. La Belgique d'expression française ou Wallonie emploie le coq sur son drapeau et elle l'oppose au lion des Flamands et des flamingants.
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Écrit par
- Hervé PINOTEAU : vice-président de l'Académie internationale d'héraldique
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