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VAUCAIRE CORA (1918-2011)

Indifférente aux tendances et aux modes médiatiques, la chanteuse française Cora Vaucaire a su imposer un répertoire sans concession. Intransigeante sur la qualité littéraire et poétique des textes ainsi que sur l'élégance des mélodies, elle restera, aux côtés de Catherine Sauvage et de Juliette Gréco, une des grandes interprètes de la chanson « rive gauche ».

Fille d'un capitaine au long cours, née Geneviève Collin, le 22 juillet 1918, à Marseille, elle s'inscrit, malgré l'opposition familiale, au conservatoire d'art dramatique de Paris. Coupée des siens et sans ressources, elle fréquente les cours de Fernand Ledoux et de Charles Dullin. À seize ans, elle remporte le premier prix de comédie et de tragédie de la Ville de Paris : son destin semble tracé, mais, lors de sa première apparition sur scène, au Théâtre Sarah-Bernhardt, dans un rôle de figuration, tétanisée par le trac, elle s'évanouit aux pieds de la vedette.

Durant l'Occupation, elle épouse le parolier et musicologue Michel Vaucaire qui, séduit par sa voix, va l'inciter à chanter. Elle refuse de se produire en public, mais le producteur Robert Beauvais la convainc de chanter dans un studio de la Radio nationale. « À la radio, il n'était pas question de faire ce que l'on appelait un doublon : la même chanteuse ne présentait pas deux fois la même chanson. » C'est ainsi qu'elle se confectionne un répertoire en piochant dans le patrimoine français – La Complainte du Roy Renaud, Le Temps des cerises –, Aristide Bruant – Rose blanche –, Benech et Dumont – L'Hirondelle du faubourg –, Yvette Guilbert – Quand on vous aime comme ça.

Rassurée par son succès radiophonique, Cora Vaucaire accepte, à la Libération, d'affronter le public. Devenue très vite une vedette de L'Échelle de Jacob et de L'Écluse, elle se produit dans les plus fameux cabarets parisiens. Elle y rencontre Barbara, qu'elle encourage à chanter. Elle met plusieurs de ses chansons à son tour de chant et sera la première à enregistrer Dis, quand reviendras-tu ? Elle chante Léo Ferré – Les Forains –, Jacques Debronckard – Je suis comédien –, Maurice Fanon, Jean-Roger Caussimon... Elle sait trouver de bonnes chansons auxquelles elle offre son propre univers. Première interprète des Feuilles mortes de Jacques Prévert et Joseph Kosma en un temps où l'on s'accordait à dire que cette chanson n'était pas chantable, elle l'enregistre sur son premier 78-tours, en 1948. Sur l'autre face, elle grave Deux escargots qui vont à l'enterrement, un autre titre de Prévert et Kosma, créé par Agnès Capri.

Cora Vaucaire saura cultiver cet instinct, et, lorsque, au milieu des années 1950, elle prendra la direction du cabaret de La Tomate, elle présentera de jeunes artistes comme Pierre Louki ou le Québécois Raymond Lévesque, mais aussi Catherine Sauvage, Mouloudji, Serge Reggiani, les Frères Jacques, Juliette Gréco, Léo Ferré, Jacques Brel, Barbara, Serge Gainsbourg ou le mime Marceau. Jean Renoir, qui prépare son film French Cancan, lui propose de doubler l'actrice Anna Amendola lorsque cette dernière entonne La Complainte de la butte ; grâce aux mots de Renoir et à la mélodie de Georges Van Parys, Cora Vaucaire rencontre en 1954 son premier succès populaire. En 1961, un autre film, Une aussi longue absence, de Henri Colpi, palme d'or au festival de Cannes, lui offre une nouvelle rencontre avec le grand public : Trois Petites Notes de musique, composée par Georges Delerue sur un texte de Colpi, restera la chanson emblématique de Cora Vaucaire.

Discrète, voire secrète, elle poursuit sa carrière jusqu'à la fin des années 1990. En novembre 1999, elle donne une série de concerts exceptionnels au Théâtre des Bouffes du Nord, à Paris. Cora Vaucaire meurt à Paris, le 17 septembre 2011.[...]

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