Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

ANDES CORDILLÈRE DES

Les modalités de l'occupation du sol

Les Andes tropicales sont le plus ancien foyer de peuplement humain actuellement connu de l' Amérique du Sud. Elles ont été le cadre de certaines des civilisations précolombiennes les plus élaborées. Aujourd'hui encore, on y trouve des densités rurales particulièrement élevées. Mais elles sont, pour les États andins, des secteurs en perte de vitesse.

Un ancien foyer de peuplement

L'existence des hommes dans les Andes est attestée sûrement depuis 14 000 ans. Les témoignages d'une présence plus ancienne sont plus incertains, bien que des préhistoriens affirment que des groupes nomadisaient dans les montagnes il y a 22 000 ans. De nouvelles découvertes ne sont pas à exclure, qui repousseraient de plusieurs millénaires l'ancienneté de la présence humaine dans les Andes.

Selon certains, une première phase d'occupation s'étendrait de 22 000 B.P. à 14 000 B.P. (before present, c'est-à-dire avant 1950) et correspondrait à une période marquée par plusieurs pulsations glaciaires dans la haute montagne. Elle serait caractérisée par l'absence de fines pointes bifaciales fréquentes dans les phases plus récentes. On trouve ainsi à Garzon, en Colombie, des choppers grossiers associés à du megatherium (paresseux géant) et à du mastodonte. Au Pérou, à Pikimachay près d'Ayacucho, une industrie à choppers et éclats, associés à du megatherium et à du cheval est datée par le carbone 14 de 20 000 B.P. Cependant les associations avec de la faune fossile sont parfois sujettes à caution. En revanche à partir de 14 000 B.P., c'est-à-dire après la dernière grande poussée glaciaire, les traces sont plus nombreuses, du Venezuela au Pérou ; il s'agit d'abris ou de grottes où des industries lithiques sont associées à de la faune et des structures telles que des foyers. Des sites de chasseurs, de collecteurs et de pêcheurs existaient sur la côte. Sur les punas la faune de cervidés, d'auquénidés (lamas), de rongeurs était abondante. Le long du littoral, qui se trouvait plus à l'ouest par suite de la régression eustatique, coquillages, mammifères marins et poissons pouvaient être récoltés et pêchés tandis que des escargots étaient ramassés sur les lomas (oasis de brume) voisines. À partir du VIIe millénaire B.P., les sites se multiplient : dans les abris-sous-roche des Andes, les ossements des camélidés l'emportent sur ceux des cervidés et annoncent probablement les débuts de la domestication des auquénidés. On trouve dans une grotte du Callejon de Huailas des restes d'un haricot qui était peut-être cultivé au VIe millénaire. À partir de 5 000 B.P. on relève dans l'étage tempéré, en dessous des punas, des témoignages de la consommation de pommes de terre, d'olluco (Ullucus tuberosus), peut-être de quinoa (Chenopodium quinoa) et d'un maïs très primitif. Dans les étages tièdes, haricots, tomates et coca commencent à être plantés. Les premières cultures étaient faites au bâton à fouir, dans les terres légères des versants faiblement couverts de végétation.

Entre le second et le premier millénaire avant notre ère, les grandes composantes des systèmes agraires, tels qu'ils se maintiendront jusqu'au xvie siècle, se mettent en place. Dans les Andes tropicales apparaissent les premières irrigations, fondées sur la dérivation des torrents et la distribution de l'eau sur des terrasses, les andenes, soutenues par des murs de pierre. Au pied des Andes, dans le désert côtier, les lits d'inondation sont cultivés après les crues d'hivernage. De l'eau est puisée dans les nappes phréatiques des vallées secondaires jusqu'à ce que l'accroissement de la population et le perfectionnement des techniques d'irrigation et d'aménagement des terres permettent la mise en place des grands périmètres d'irrigation[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : agrégé de géographie, docteur d'État ès lettres et sciences humaines, directeur de recherche au C.N.R.S.
  • : professeur à l'université de Paris-VII (géographie)

Classification

Médias

Cordillère des Andes : relief - crédits : Encyclopædia Universalis France

Cordillère des Andes : relief

Volcan Cotopaxi - crédits : De Agostini/ Getty Images

Volcan Cotopaxi

Lamas - crédits : William J Hebert/ The Image Bank/ Getty Images

Lamas

Autres références

  • ALTIPLANO

    • Écrit par
    • 549 mots
    • 3 médias

    Une partie des Andes est occupée par de hautes plaines, appelées altiplano, dont on distingue plusieurs types, de la Bolivie à la Colombie. L'Altiplano péruvo-bolivien est un ensemble de hautes plaines, entre 3 600 et 4 200 mètres, coupées de petits chaînons montagneux, qui s'étire sur 1 000...

  • AMÉRINDIENS - Hauts plateaux andins

    • Écrit par
    • 4 689 mots

    Les peuples amérindiens des hauts plateaux andins sont les héritiers de traditions millénaires. Ces civilisations préhispaniques, dont on ne peut ici retracer la diversité, possèdent des traits distinctifs : une hiérarchie sociale très marquée qui n'exclut pas un fort communautarisme ethnique et se reflète...

  • AMÉRIQUE (Structure et milieu) - Géologie

    • Écrit par , , , , , , et
    • 24 158 mots
    • 23 médias
    À l'ouest, la cordillère des Andes (8 000 km du nord au sud) borde le continent sur toute sa longueur. Cette puissante chaîne de montagnes qui culmine à l'Aconcagua (6 959 m) présente trois segments : on oppose en effet classiquement les Andes centrales, sans ophiolites, comprises entre les transversales...
  • AMÉRIQUE (Structure et milieu) - Géographie

    • Écrit par , et
    • 18 105 mots
    • 9 médias
    Les chaînes montagneuses sud-américaines peuvent être divisées en trois parties : jusqu'au centre du Pérou, les cordillères sont vigoureuses, séparées par de profonds fossés tectoniques dont celui du río Magdalena est le plus remarquable ; les volcans forment les principaux sommets, le plus élevé est...
  • Afficher les 31 références