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CORÉE Arts

Orfèvrerie

S'inspirant des techniques chinoises, les orfèvres coréens les ont adaptées à des formes dont l'origine semble devoir être attribuée aux cavaliers des steppes eurasiatiques.

La boucle de ceinture en or, découverte dans une tombe chinoise de Lelang, peut être considérée comme un double symbole : symbole d'abord d'un art cosmopolite puisque, si son décor de dragons est chinois, sa forme dut être transmise par les barbares du Nord, tandis que les grainetis qui la rehaussent provenaient de l'Orient ancien ; symbole historique aussi, car elle prélude aux créations coréennes des siècles suivants.

La maîtrise des orfèvres Han s'est, en effet, perpétuée dans la Corée des Trois Royaumes (iiie-viie s.). Elle a été révélée par la trouvaille à Kyŏngju, en 1921, d'une tombe qui contenait plusieurs joyaux ; le plus prestigieux était une couronne en or, composée d'une coiffe de forme pointue, prolongée en arrière par deux ailes ajourées portant des paillettes ; à la base, un cercle, orné en pointillé, supporte cinq éléments verticaux d'où pendent de nombreux magatama en jade (ces ornements en forme de griffe, que l'on croyait particuliers au Silla et au Japon, semblent d'origine septentrionale, et l'on en a trouvé un exemple dans une tombe chinoise datant du viie siècle avant J.-C.). De chaque côté du cercle de la couronne, deux longues pendeloques en chaînettes et paillettes soutiennent aussi des magatama.

D'autres couronnes, moins complètes, ont été retrouvées par la suite dans les sépultures du Silla, et l'une d'entre elles était surmontée de phénix. On a découvert également une ceinture de cérémonie formée de plaquettes ajourées portant des pendentifs où sont accrochés divers objets ainsi que des boucles d'oreilles, faites de gros anneaux creux d'où pendent, par l'intermédiaire de motifs en filigrane, des glands agrémentés de feuilles à bord perlé, des ornements d'arçon en bronze ajouré et doré, ainsi que des étriers. Le Silla, qui avait au vie siècle conquis le cours supérieur de la rivière Han, disposait de mines d'or qui lui permirent la création de ces joyaux.

On sait, à présent, grâce à plusieurs découvertes, que ces parures n'étaient pas l'apanage du Silla et que les deux royaumes voisins lui ont fourni des modèles. Une couronne en bronze doré et des boucles d'oreilles en or ont été exhumées à Paekche et révèlent un art plus élaboré. Dans certaines peintures funéraires de Koguryŏ figurent des couronnes et des coiffes. En 1941, une coiffe en bronze doré a été découverte à P'yŏngyang. Elle se compose de deux plaques ornées de dragons et de phénix entourés de nuages, qu'encadre un bord emperlé. Ces plaques étaient doublées de minces feuilles d'écorce de bouleau sur lesquelles étaient fixées les ailes chatoyantes de l'insecte tamamushi(Chrysochroafulgidissima). Il semble désormais établi que le Silla a schématisé les motifs empruntés à ses voisins ou, par leur intermédiaire, à la Chine ; des plaques de ceinture découvertes à Nankin, dans une tombe des Six Dynasties, s'ornent d'un motif de nuage qui, traité avec moins de souplesse, se retrouve dans le décor de la ceinture de cérémonie de la tombe de la Couronne d'or de Kyŏngju.

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Écrit par

  • : chercheuse en archéologie coréenne (CNRS, U.R.A. no 1474, études coréennes)
  • : écrivain, docteur en histoire de l'art
  • : ancien maître de recherche au CNRS, professeure honoraire à l'École du Louvre, chargée de mission au Musée national des arts asiatiques-Guimet

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Médias

Bodhisattva assis, art coréen - crédits :  Bridgeman Images

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Vase à eau lustrale (kundika), art coréen - crédits :  Bridgeman Images

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