CORÉE Arts
Architecture
Sépultures
C'est à la vieille culture coréo-mandchoue que peut être attribué l'usage de l'ong-dol, chauffage au moyen d'une sorte d' hypocauste dont l'existence, attestée dès le Néolithique (habitat semi-souterrain au sud du fleuve Tumen), s'est perpétuée jusqu'à nos jours dans les yamenà la mode chinoise.
L'architecture coréenne est surtout une architecture de pierre. Cette particularité, qui la distingue des architectures des pays voisins (Chine et Japon), semble due tant à l'excellente qualité et à l'abondance du granit local qu'à certaines traditions mégalithiques qui se perpétuent à l'époque du Koguryŏ. Les premières sépultures, situées au nord du Yalu, sont encore des dolmens ou des pyramides à degrés, formées de blocs de pierre. La stèle du roi Kwanghae, près de P'yŏngyang, n'est autre qu'un menhir. Elle porte une inscription de 1 800 caractères, datée de 414, qui constitue un document précieux pour l'histoire de la Corée et du Japon. Les places fortifiées, tant sur les bords du Yalu que dans la région du Taedong, comportent des murs appareillés en pierre.
La découverte, dans la région de P'yŏngyang, de la tombe d'Anak, élevée sans doute en 357 pour un transfuge du Liaodong au service du Koguryŏ, permet de supposer que cette sépulture aurait été à l'origine de l'adoption par le Koguryŏ d'une architecture funéraire plus complexe. Cette tombe en pierre imite les sépultures en briques des chinois du Liaodong, qui comprennent plusieurs salles, couvertes en coupoles et séparées par des linteaux reposant sur des piliers. Ces structures se retrouvent dans les sépultures de T'onggu au nord du Yalu, où l'on peut suivre l'évolution des coupoles en forme de lanterne, faites d'éléments triangulaires posés en encorbellement et couronnés d'une dalle plate. Vers les ve et vie siècles, cette formule trouvera son parfait accomplissement dans les tumulus de P'yŏngyang qui abritent une vaste salle, précédée par deux piliers à pans coupés. Ces tombes sont faites de dalles de pierre soigneusement taillées et ajustées. On retrouve les mêmes sépultures, très ruinées, dans la région de Séoul, première capitale de Paekche, tandis qu'au début du vie siècle, sous l'influence de la Chine centrale, on adopte les tombes en briques estampées des dynasties de la Chine du Sud (cf. extrême-orient - Corée : préhistoire, archéologie et arts).
Architecture religieuse
Rien ne subsiste au royaume du Koguryŏ de l'architecture urbaine ou religieuse ; seul le plan d'un monastère a pu être reconstitué grâce aux bases de colonnes et aux terrasses qui supportaient les édifices : le sanctuaire central y était monté sur un socle octogonal. La présence de nombreuses tuiles, ornées de pétales de lotus, indique que, dès ce moment, les principes de l'architecture chinoise avaient été adoptés. Il en est de même au royaume du Paekche et, dans la région de Puyŏ, sa dernière capitale, on a retrouvé le plan d'un autre monastère où la porte principale, la pagode et le sanctuaire sont disposés sur un même axe sud-nord ; cette disposition se répète au Shitennō-ji d'Ōsaka, la plus ancienne fondation bouddhique du Japon (fin du vie s.), où des artisans venus du Paekche ont dû intervenir.
À Puyŏ encore, une petite pagode carrée, à cinq étages, imite dans la pierre les pagodes en briques chinoises. Elle constitue l'exemple le plus ancien d'un genre qui se perpétuera au cours des siècles et qui, moins fragile que les édifices en bois, depuis longtemps disparus, permet de suivre le développement de l'architecture coréenne ; celle-ci reste sous l'influence toujours renouvelée du grand empire voisin.
Plus favorisé, Kyŏngju conserve encore[...]
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Écrit par
- Laurence DENÈS : chercheuse en archéologie coréenne (CNRS, U.R.A. no 1474, études coréennes)
- Arnauld LE BRUSQ : écrivain, docteur en histoire de l'art
- Madeleine PAUL-DAVID : ancien maître de recherche au CNRS, professeure honoraire à l'École du Louvre, chargée de mission au Musée national des arts asiatiques-Guimet
Classification
Médias
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