CORÉE Arts
Peinture et calligraphie
Décors funéraires du Koguryŏ
Dès 1920, les fouilles effectuées dans les tumulus qui jalonnent la plaine de P'yŏngyang ont rendu célèbres les grandes décorations peintes des sépultures princières du royaume du Koguryŏ. Elles furent longtemps, avec les fresques de Dunhuang, les seuls témoins connus du développement de la peinture chinoise entre le ve et le viie siècle.
Des découvertes ont permis de replacer les peintures du Koguryŏ dans un contexte plus vaste. Les tombes peintes de Luoyang, Wangdu et Liaoyang, les tombes à décor ciselé dans la pierre du Shandong et du Jiangsu, les briques estampées du Sichuan permettent de reconstituer l'élaboration, au cours de l'époque Han, d'un programme qui réservait plafonds et voûtes aux représentations cosmiques et les parois à des scènes de cérémonie empruntant à la vie profane de nombreux détails.
Selon des études effectuées dans les années 1960, l'introduction de ces décors funéraires au Koguryŏ aurait pour origine la tombe d'Anak, près de P'yŏngyang, datée de 357, où, à l'intention d'un transfuge du Liaodong qui exerça de hautes fonctions à la cour du Koguryŏ, furent repris les motifs empruntés aux tombes chinoises : défunt entouré de ses serviteurs, son épouse parmi ses dames, préparatifs de scènes de banquets avec leurs divertissements de jeux et de danses, chasses et cortèges. Anak aurait ensuite servi de modèle pour les sépultures de T'onggu en Mandchourie méridionale, centre gouvernemental du Koguryŏ avant le transfert du gouvernement à P'yŏngyang en 427.
Mais les sépultures de T'onggu présentent une grande variété de thèmes interprétés si diversement qu'Anak ne peut avoir été l'unique source de leur inspiration. Tous ces décors se signalent par la souplesse des lignes et le mouvement qui emporte cortèges, chasses, danseurs et de nombreux arbres agités par le vent.
À P'yŏngyang, vers les vie et viie siècles, la peinture tend à l'uniformité ; tandis que les plafonds en lanterne s'ornent de génies célestes aux écharpes flottantes parmi des nuages, et de rinceaux fleuris où apparaissent des lotus et des palmettes, les parois sont réservées à de grandioses représentations des symboles animaux des Quatre Orients.
On trouve un écho de ces grandes compositions dans les premières sépultures du royaume du Paekche, mais les ravages exercés par le temps rendent difficile l'appréciation de leur qualité artistique. Le talent du Paekche est plus sensible dans les briques estampées à l'emplacement d'un monastère des environs de Puyŏ : phénix au milieu des nuages et, surtout, paysages aux formules diverses, collines arrondies se profilant sur l'horizon ou rochers feuilletés et superposés. Inconnue jusqu'alors, les peintures de Silla nous ont été révélées par la fouille du double tumulus de Kyŏngju (cf. extrême-orient - Corée : préhistoire, archéologie et arts).
Le Grand Silla et l'époque de Koryŏ (668-1392)
La peinture du Silla a complètement disparu, mais l'élégance des compositions s'affirme dans les briques ornées de rosaces qui s'inspirent des textiles Tang, dans les tuiles à décor de pétales de lotus ou de rinceaux de chèvrefeuille, dans les cloches en bronze sur les parois desquelles flottent des apsara, nymphes et musiciennes célestes entourées de nuages.
De l'époque de Koryŏ dont l'activité picturale est attestée par de nombreux textes, bien peu d'œuvres ont subsisté. La plupart des peintures murales ornant les sanctuaires ont disparu ou sont défigurées par des reprises plus tardives.
L'époque Yi (1392-1910)
À l'époque Yi (ou Li), un Bureau des arts, créé par les souverains, réunissait les peintres professionnels chargés de l'exécution des portraits princiers, tracés en lignes[...]
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Écrit par
- Laurence DENÈS : chercheuse en archéologie coréenne (CNRS, U.R.A. no 1474, études coréennes)
- Arnauld LE BRUSQ : écrivain, docteur en histoire de l'art
- Madeleine PAUL-DAVID : ancien maître de recherche au CNRS, professeure honoraire à l'École du Louvre, chargée de mission au Musée national des arts asiatiques-Guimet
Classification
Médias
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