CORÉE Histoire
La Corée est riche d'une longue tradition, qui est restée originale tout en se développant au contact de la Chine. Les nombreux mouvements de peuples dont l'Asie du Nord-Est a été le théâtre au cours de la période historique ont eu d'importantes répercussions sur la péninsule coréenne.
La suzeraineté chinoise, établie dès l'époque des Han, est vite devenue théorique. La Corée a été en butte aux pressions et aux agressions de puissantes confédérations barbares qui se sont successivement formées dans les confins mongolo-mandchous : Xiongnu (ive-iie s. av. J.-C.), Xianbei (ive s.), Kitan (xe-xie s.), Djurtchet (ou Jurchen, xiie s.), Mongols (xiiie-xive s.), Mandchous (xviie s.) l'ont, tour à tour, menacée ou soumise à leur joug.
À ces deux courants continentaux, en provenance du nord et du nord-ouest, s'en joint un troisième transmis par voie de mer. Dès le Ier millénaire avant J.-C., le sud de la péninsule est englobé dans la koinê établie par les royaumes barbares de Wu et de Yue (Chine centrale) parmi les riverains de la mer de Chine. Les populations du littoral coréen servent de relais dans la transmission des influences de la Chine maritime vers le Japon. Les échanges culturels, dont l'ancienneté est ainsi attestée, se perpétueront au cours des siècles. Pays de marche, comme l'a définie V. Elisseeff, la Corée s'est enrichie des apports de ses voisins, qui l'ont souvent empêchée de les assimiler en paix ; son développement a été, à maintes reprises, perturbé par leurs interventions.
Au xvie siècle, c'est l'invasion japonaise que les Coréens doivent repousser. Cette invasion reprend au xixe siècle parallèlement à l'action des puissances occidentales soucieuses de pénétrer dans la péninsule. La Corée est dès lors déchirée entre partisans de l'ouverture du pays aux influences étrangères et tenants d'une politique de repliement destinée à préserver l'indépendance du pays. En 1910, les Japonais parviennent à leurs fins et annexent le Pays du Matin calme à l'Empire du Soleil levant.
Les États-Unis, le Royaume-Uni et la Chine, conscients de la « servitude où est réduit le peuple coréen, sont déterminés à ce que, le moment venu, la Corée devienne libre et indépendante ». C'est en ces termes que F. D. Roosevelt, W. Churchill et Tchiang Kai-chek, réunis au Caire pendant la Seconde Guerre mondiale, arrêtent la ligne de conduite commune des grandes puissances à l'égard de la Corée.
L'indépendance de la Corée est réaffirmée à Potsdam, mais Staline et Roosevelt décident, à Yalta, de partager le pays : Roosevelt payait ainsi l'intervention des forces armées soviétiques contre le Japon. Cela signifiait pour la Corée une double occupation de part et d'autre du 38e parallèle. Et certes, les États-Unis se retiraient en janvier 1949 : la Corée du Sud ne figurait plus, aux dires de Dean Acheson, parmi les positions américaines de défense en Asie. Mais le franchissement du 38e parallèle par les troupes nord-coréennes (25 juin 1950) ramenait les troupes américaines sur le territoire du Sud. C'est le début de la guerre de Corée, qui aboutit à la partition de la péninsule à partir de 1953.
Les temps lointains
Des fouilles récentes attestent l'existence d'habitants à l'époque paléolithique, aussi bien dans le nord que dans le sud de la péninsule. Les premières vagues d'immigration de grande importance semblent avoir atteint le nord de la Corée entre le viie et le vie siècle avant J.-C. avec la civilisation du bronze ; celle du fer n'y sera connue que deux siècles plus tard environ. Quant à l'origine des populations qui arrivèrent, nous ne pouvons actuellement que présenter une hypothèse, généralement admise par les savants coréens, selon laquelle ces habitants seraient venus de la Chine du[...]
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Écrit par
- Jin-Mieung LI : professeur des Universités, université de Lyon-III
- Ogg LI : docteur d'État ès lettres, professeur à l'université de Paris-VII
- Madeleine PAUL-DAVID : ancien maître de recherche au CNRS, professeure honoraire à l'École du Louvre, chargée de mission au Musée national des arts asiatiques-Guimet
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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