CORÉE Histoire
Dynastie Koryŏ (918-1392)
Le début de l'histoire de Koryŏ, qui a donné, par la suite, le nom de Corée, est marqué par les invasions des Kitan, c'est-à-dire la dynastie chinoise des Liao (907-1125). Après avoir réussi à repousser les attaques des Kitan à deux reprises, en 993 et 1010, Koryŏ fut finalement obligé de concéder à son adversaire une région dans le nord-est de la péninsule, pour obtenir la paix. À cette époque, le gouvernement royal central contrôlait 2 100 000 habitants, répartis en dix provinces. L'administration et la défense étaient confiées aux 17 000 « dignitaires » yangban, classe divisée en deux catégories, dites de l'Est pour les civils et de l'Ouest pour les militaires, et dont les rivalités s'aggravèrent dès le milieu du xiie siècle. Sans doute ragaillardis lors de la guerre contre les Djurtchet (ou Jurchen), fondateurs de la dynastie des Jin (1115-1234), qui finit pourtant par une soumission de Koryŏ (1126), les yangban militaires, généralement méprisés par ceux de la catégorie civile, se révoltèrent en 1170 sous la conduite de Chŏng Chungbu ( ? – 1178), qui finit par accaparer le contrôle du gouvernement central. D'autres militaires lui succédèrent, mais déjà la menace des Mongols commençait à peser sur Koryŏ. En effet, après avoir assassiné un émissaire de Koryŏ à la cour des Jin (1211), les troupes envahirent la péninsule en 1231 et imposèrent au gouvernement de Kaesŏng le contrôle des « commissaires résidents ». C'est ainsi que commença le « règne » mongol qui dura jusqu'en 1368, année où une nouvelle dynastie fut établie en Chine, sous le nom de Ming. La cour royale de Koryŏ, liée alors par le sang à celle des Mongols, essaya de prouver sa fidélité envers ces derniers, en expédiant des troupes contre la nouvelle dynastie chinoise des Ming (1388). Arrivé à l'embouchure du fleuve Yalu, Yi Sŏnggye, chef d'un corps expéditionnaire fort de 38 800 hommes, rebroussa chemin, sous prétexte qu'il était dangereux de pénétrer dans le territoire du pays « suzerain », et se débarrassa de ses adversaires politiques. Affaiblie, la cour royale de Koryŏ dut « céder » le trône, en 1392, à Yi Songgye, qui fonda la dynastie de Chosŏn, remplaçant celle de Koryŏ.
À Koryŏ, la terre était propriété de l'État qui la distribuait, sous forme de droit d'usufruit, à ses fonctionnaires, civils et militaires, ainsi qu'aux soldats en activité. Toute terre distribuée devait être rendue à l'État en cas de décès du détenteur, sauf celle qui avait été accordée pour récompenser un service méritoire dont le droit de détention pouvait être hérité par les descendants. Les dignitaires surent si bien profiter de ce cas exceptionnel pour transformer la terre en « domaine privé » que le système de distribution de la terre commença à tomber en désuétude dès la fin du xiie siècle. On ignore la valeur exacte de la production agricole, mais, selon le Koryŏ-sa (cf. livre lxxviii), la production de céréales suffisait à nourrir convenablement la population. En outre, il existait, à Koryŏ, des « habitants », bugok et so, spécialisés dans la production des métaux (or, argent, fer ou bronze), des étoffes de soie, du papier, des tuiles, du charbon de bois, etc.
Le bouddhisme connut une certaine expansion, grâce à la protection de la cour royale. À partir de 1086, le maître Taegak tenta avec succès une fusion des sectes d'« enseignement » kyo (en chinois : jiao) et de celles du dhyāna, en coréen sŏn (en chinois : chan). L'influence profonde du bouddhisme à Koryŏ se reflète dans les poésies qui expriment des conceptions mahāyānistes, nirvānistes, amidistes et dhyānistes. L'influence sino-bouddhique se manifeste également dans le domaine artistique, sous la forme de statues, stūpa[...]
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Écrit par
- Jin-Mieung LI : professeur des Universités, université de Lyon-III
- Ogg LI : docteur d'État ès lettres, professeur à l'université de Paris-VII
- Madeleine PAUL-DAVID : ancien maître de recherche au CNRS, professeure honoraire à l'École du Louvre, chargée de mission au Musée national des arts asiatiques-Guimet
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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