CORÉE Histoire
La domination japonaise
La Corée fut annexée de force par le Japon le 29 août 1910. Terauchi Masatake, ex-général japonais, arriva à Séoul comme premier gouverneur général. Il voulut rétablir l'ordre en interdisant toute association et réunion de Coréens et fit sévèrement réprimer les « insubordonnés » par les gendarmes. Il proclama un décret sur les sociétés et entreprit des travaux d'enquête sur la terre, en vue de créer une économie coloniale au service de l'économie japonaise. La première mesure eut pour but d'écraser les capitaux coréens et de transformer la Corée en marché du capitalisme japonais. La seconde fut destinée à déterminer la propriété des terres. Après enquête, le gouvernement général s'appropria les terres appartenant à l'ancienne cour royale et celles dont la propriété n'avait pu être dûment enregistrée. Ces terres furent distribuées aux colons japonais ou données en métayage aux Coréens par le biais de la Compagnie orientale de colonisation. Un grand nombre de Coréens, dépossédés, émigrèrent en Mandchourie.
Ces mesures renforcèrent l'hostilité des Coréens envers les Japonais. La résistance des milices coréennes s'intensifia, et les mouvements d'indépendance s'organisèrent dans les communautés coréennes à l'étranger : en Sibérie, en Mandchourie, en Chine et aux États-Unis.
Encouragés par la déclaration du président Wilson sur le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, les Coréens résidant à l'étranger envoyèrent une délégation à la conférence de la paix de Versailles pour plaider la cause coréenne, mais en vain. Un gouvernement provisoire de la république de Corée fut fondé à Shanghai dans la concession française. Les patriotes à l'intérieur du pays choisirent le 1er mars 1919 pour organiser un vaste mouvement d'indépendance non violent. On lut devant la foule la déclaration d'indépendance signée par trente-trois représentants du peuple coréen, qui furent arrêtés par la police. La répression des manifestations fut violente, se soldant par 7 509 tués, 15 961 blessés et 46 948 arrestations.
Après cet événement, les autorités japonaises assouplirent quelque peu l'oppression et appliquèrent une politique dite « culturelle » en autorisant certaines activités associatives et la publication de revues et journaux coréens.
Dans les années 1920, le gouvernement général mena activement la modernisation de l'agriculture coréenne. La production de riz doubla en vingt ans, mais près de 30 à 40 p. 100 de la production furent exportés au Japon. La paysannerie coréenne se désagrégea. Un nombre croissant de Coréens quittèrent le pays pour la Mandchourie et la Sibérie. Les capitaux japonais furent investis dans les industries : centrales hydrauliques, engrais azoté, textile, extraction minière, etc. La Corée se transforma en base logistique de l'expansion militariste du Japon sur le continent asiatique. En 1926, il y eut un soulèvement des étudiants à Kwangju, alors que les milices coréennes spontanées continuaient leur résistance contre les Japonais.
Les Japonais renforcèrent leur politique d'assimilation. Après l'intervention militaire du Japon en Chine en 1937, on supprima l'enseignement de la langue et de l'histoire de la Corée à l'école pour obliger les écoliers à ne parler que le japonais. Un grand nombre de jeunes Coréens furent contraints de s'engager dans l'armée japonaise comme « volontaires », et près de 100 000 jeunes filles, élèves des écoles primaires et secondaires, furent persuadées de partir comme « femmes de réconfort sexuel » pour les soldats japonais sur les champs de bataille. Dès 1940, les Coréens furent obligés d'adopter des noms japonais et de vénérer les kami (dieux) du Shinto, ce qui les blessa[...]
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Écrit par
- Jin-Mieung LI : professeur des Universités, université de Lyon-III
- Ogg LI : docteur d'État ès lettres, professeur à l'université de Paris-VII
- Madeleine PAUL-DAVID : ancien maître de recherche au CNRS, professeure honoraire à l'École du Louvre, chargée de mission au Musée national des arts asiatiques-Guimet
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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