CORÉE Histoire
Vers la partition de la péninsule
De la division à la guerre de Corée
Le communiqué commun publié à la suite de la conférence entre Roosevelt, Churchill et Chang Kaishek, qui s'est tenue au Caire en novembre 1943, comporte une clause spéciale sur la Corée : « Nous reconnaissons que le peuple coréen se trouve dans un état d'esclavage et que la Corée doit être libre et indépendante en temps opportun. » À Yalta, en février 1945, les quatre grandes puissances, lors du partage du monde, ont convenu que les États-Unis désarmeraient l'armée japonaise au sud du 38e parallèle et l'U.R.S.S. au nord. La déclaration de Potsdam du 2 août 1945 demanda au Japon de se rendre sans conditions et réaffirma l'indépendance de la Corée.
Dans la première quinzaine du mois d'août 1945, les événements se précipitèrent : une bombe atomique sur Hiroshima le 6, une autre sur Nagasaki et la déclaration de guerre de l'U.R.S.S. au Japon le 8, l'entrée des troupes soviétiques dans la partie nord de la péninsule coréenne le 10 et, enfin, la capitulation sans conditions du Japon le 15, ce qui provoqua une joie indescriptible et un immense espoir chez le peuple coréen.
Le 2 septembre, l'acte de reddition du Japon fut signé, et, le même jour, le commandement suprême des forces alliées annonça que la Corée serait divisée en deux parties à peu près égales, qui seraient occupées par les États-Unis et par l'U.R.S.S. Le lendemain, les troupes américaines débarquèrent à Inch'ŏn (Incheon), et le général Hodge fut nommé gouverneur militaire à Séoul.
Les patriotes coréens regagnèrent la Corée, Syngman Rhee venant des États-Unis, Kim Ku et son gouvernement provisoire de Corée, de Zhongjing en Chine.
Les grandes puissances, par l'intermédiaire de leurs ministres des Affaires étrangères réunis à Moscou en décembre 1945, voulurent imposer un protectorat à la Corée, trahissant le vœu ardent des Coréens d'avoir enfin un pays indépendant. Elles créèrent une commission mixte russo-américaine chargée de mettre en place un gouvernement national. Cette décision provoqua la colère et l'opposition de tous les dirigeants coréens. Il s'ensuivit de grandes manifestations populaires contre la tutelle.
Le Comité populaire, créé au Nord et dirigé par Kim Il-sung, fit volte-face en acceptant le protectorat. L'U.R.S.S. n'était pas d'accord pour que les opposants au protectorat participent aux travaux de la commission. Celle-ci n'arrivant pas à statuer, le gouvernement américain saisit l'O.N.U. en mai 1947. L'Assemblée générale de l'O.N.U. adopta une résolution qui consistait à créer un gouvernement unique en organisant des élections générales sur l'ensemble du territoire, lesquelles seraient supervisées par une commission. Celle-ci ne pouvant travailler dans la partie Nord, les élections n'eurent lieu, le 10 mai 1948, qu'au Sud. Le parti de Syngman Rhee remporta la victoire. L'Assemblée constituante se réunit le 31 mai, adopta la première Constitution le 17 juillet et élut, trois jours plus tard, Rhee président de la République. Le gouvernement militaire américain fut remplacé par la république de Corée (Taehan minguk), proclamée le 15 août 1948 et reconnue par l'O.N.U. La France fut le quatrième pays à reconnaître la nouvelle république le 4 février 1949, après les États-Unis, la Chine nationaliste (Taiwan) et la Grande-Bretagne.
En réponse à la création d'une république au Sud, la partie septentrionale organisa des élections le 25 août 1948. Le 1er septembre fut créé un gouvernement à la tête duquel se trouvait Kim Il-sung comme Premier ministre. Le 9 septembre fut proclamée la république populaire de Corée (Chosŏn inmin konghwaguk), qui devint peu de temps après la république populaire démocratique de[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Jin-Mieung LI : professeur des Universités, université de Lyon-III
- Ogg LI : docteur d'État ès lettres, professeur à l'université de Paris-VII
- Madeleine PAUL-DAVID : ancien maître de recherche au CNRS, professeure honoraire à l'École du Louvre, chargée de mission au Musée national des arts asiatiques-Guimet
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
Classification
Médias
Autres références
-
CORÉES - Du rapprochement à la défiance
- Écrit par Marie-Orange RIVÉ-LASAN
- 2 921 mots
Les sociétés nord et sud-coréennes, confrontées en 2008 à la crise financière internationale comme le reste du monde, étaient déjà en proie à des incertitudes et à des difficultés économiques, politiques et sociales différentes, mais non pas moins cruciales. La crise larvée de part et d'autre du 38...
-
ASIE (Structure et milieu) - Géographie physique
- Écrit par Pierre CARRIÈRE , Jean DELVERT et Xavier de PLANHOL
- 34 872 mots
- 8 médias
La péninsule coréenne comprend à la fois des éléments de socle et de pseudo-socle. Le socle précambrien, déjà représenté au nord par les Changbaishan et leur prolongement, le plateau de Kaima, se trouve au centre dans la région drainée par le Han, ainsi que dans le sud où il affleure dans la chaîne diagonale... -
ASIE (Géographie humaine et régionale) - Dynamiques régionales
- Écrit par Manuelle FRANCK , Bernard HOURCADE , Georges MUTIN , Philippe PELLETIER et Jean-Luc RACINE
- 24 799 mots
- 10 médias
LaCorée est traditionnellement nommée le « Pays de l'Orient » (en chinois Dongguo, en coréen Dongkuk) par les Chinois. Prise en tenaille entre les deux grands voisins chinois et japonais, ses monarchies ont versé le tribut à l'Empire chinois jusqu'à la fin du xixe siècle, puis... -
BOUDDHISME (Histoire) - L'expansion
- Écrit par Jean NAUDOU
- 3 116 mots
- 4 médias
La Corée était au ive siècle de notre ère morcelée en plusieurs royaumes, dont les principaux sont le Ko-kou-rye au nord-ouest, le Paik-tchei au sud-ouest, et le Sillā au sud-est. -
BOUDDHISME (Les grandes traditions) - Bouddhisme japonais
- Écrit par Jean-Noël ROBERT
- 13 492 mots
- 1 média
La première communauté était formée de moines coréens : neuf furent envoyés de Paekche en 554 ; ils venaient de remplacer sept autres, qui se trouvaient donc au Japon avant eux ; cela implique qu'il existait des moines qui s'occupaient sans doute exclusivement des immigrés. En 577, six autres religieux... - Afficher les 32 références