- 1. Du réchauffement au refroidissement des relations inter-coréennes
- 2. Le retour controversé de la droite conservatrice à Séoul
- 3. Le « Bulldozer », un homme d'affaires conservateur au pouvoir
- 4. Pyongyang sans leader ?
- 5. La société sud-coréenne en colère et la « crise du bœuf »
- 6. La société nord-coréenne muette face à la nouvelle famine
- 7. Bibliographie
CORÉES Du rapprochement à la défiance
Le retour controversé de la droite conservatrice à Séoul
Le président Roh Moo-hyun, démocrate qui avait remporté de justesse l'élection présidentielle en 2002 en bénéficiant d'une mobilisation sans précédent de la jeunesse sur le cyberespace, a dû faire face à une opposition conservatrice majoritaire à l'Assemblée nationale, et qui détenait de surcroît la plupart des moyens de communication écrite et audiovisuelle. De mars à mai 2004, il a été suspendu de ses fonctions par les députés qui ont voté contre lui une motion de censure, et ce n'est qu'après une décision de la Cour constitutionnelle qu'il a été rétabli dans ses fonctions. N'étant lié à aucun réseau de pouvoir en place, autodidacte, cet avocat militant des droits de l'homme n'a pas cherché à jouer du clientélisme. Peut-être un peu en avance sur son temps, il a fait les frais des clivages profonds qui divisent encore aujourd'hui la société sud-coréenne, victime du régionalisme qui oppose le Sud-Est conservateur et le Sud-Ouest progressiste, ainsi que de l'affairisme et de ses cercles d'influence. Sa marge de manœuvre a été très étroite et sa contribution principale concerne la démocratisation des institutions et la participation des citoyens. Il a dû composer avec les États-Unis et accepter d'envoyer des troupes en Irak dès 2004, ce qui l'a rendu très impopulaire, de même que, à partir de 2006, les négociations avec Washington sur un traité de libre-échange, signé le 1er avril 2007, ou encore sur le retrait des troupes américaines stationnées en Corée et le retour du contrôle des opérations militaires au gouvernement sud-coréen en 2012, mesure très mal vue par les conservateurs qui craignent de devoir payer un coût élevé pour la défense du pays. Depuis la crise financière de 1997, la confiance des citoyens s'est érodée : chômage des jeunes à 7 p. 100, crise du crédit à la consommation et de l'immobilier ont contribué à détourner les électeurs des urnes et des candidats. Son dernier geste, lors de ses vœux pour le nouvel an, a été l'amnistie de vingt et un chefs d'entreprise connus, parmi les soixante et onze bénéficiaires de l'amnistie présidentielle, qui, de toute façon, ne purgeaient pas leur peine de prison en raison de leur « aide apportée dans le passé au développement du pays » ou de « l'énorme impact économique » que cela aurait pu représenter.
L'élection de Lee Myung-bak à la présidence, à la fin de l'année 2007, s'est déroulée dans un climat délétère. La campagne électorale s'est doublée d'une campagne de dénigrement systématique du gouvernement pendant de longs mois, qui a eu pour conséquence un éclatement de la majorité présidentielle et du Parti démocrate, seule opposition possible face aux conservateurs. Les progressistes ont été incapables de se rassembler et de présenter un candidat attrayant face au très grand professionnalisme du candidat conservateur qui n'a rien laissé au hasard. Gagnant l'élection à un tour avec 48,7 p. 100 des voix, soit plus de 22 p. 100 d'avance sur le candidat de centre gauche soutenu par le président sortant, sa légitimité électorale est cependant à relativiser puisque le taux d'abstention est le plus élevé de toute l'histoire de la République de Corée, avec seulement 63 p. 100 d'électeurs qui se sont rendus dans les bureaux de vote.
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Écrit par
- Marie-Orange RIVÉ-LASAN : chercheur indépendant, chargée de cours à Sciences Po Paris, membre associé du Centre de recherches sur la Corée au sein de l'équipe Chine, Corée, Japon de l'E.H.E.S.S.-C.N.R.S.
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