- 1. Du réchauffement au refroidissement des relations inter-coréennes
- 2. Le retour controversé de la droite conservatrice à Séoul
- 3. Le « Bulldozer », un homme d'affaires conservateur au pouvoir
- 4. Pyongyang sans leader ?
- 5. La société sud-coréenne en colère et la « crise du bœuf »
- 6. La société nord-coréenne muette face à la nouvelle famine
- 7. Bibliographie
CORÉES Du rapprochement à la défiance
La société nord-coréenne muette face à la nouvelle famine
Au Nord, un malaise généralisé s'exprime depuis 2002 par le doute qui se distille peu à peu à tous les échelons de la société. Les Nord-Coréens sont de plus en plus informés de ce qui se passe à l'extérieur, en particulier à Pyongyang et dans la zone frontière avec la Chine. Certains observateurs parlent d'une « érosion du totalitarisme », d'un « changement des mentalités » lié à la monétarisation de l'économie et d'une « altération de la hiérarchie sociale » qualifiés de « déstalinisation par le bas ». On constate dans toutes les villes du pays une augmentation du nombre des enfants des rues et un retour de la prostitution, pourtant prohibée, au fur et à mesure que les pénuries alimentaires et énergétiques s'intensifient.
Les difficultés de la vie quotidienne ne se sont pas améliorées avec les mesures « libérales » prises en 2002 (libéralisation des prix, salaires en fonction du travail effectué, apparition de marchés privés...). Les prix des produits alimentaires ont beaucoup augmenté depuis lors, parallèlement à l'émergence d'une économie de marché. En 2007, le kilo de riz coûtait 3 000 wons, soit 1,84 euro environ, mais il serait entre 200 et 300 fois trop cher pour le niveau de vie moyen. Les coupures d'énergie sont très fréquentes, ce qui freine la production industrielle. Les années 2007 et 2008 ont été très mauvaises sur le plan agricole à la suite des importantes inondations d'août 2007, et ce sont toutes les catégories de la population, même à Pyongyang, qui sont touchées et non plus seulement le « tiers de la population sacrifiable » qui, selon Kim Jong-il, ne serait pas utile à la survie du régime. L'État ne peut, une fois encore, survivre sans l'aide internationale, et les O.N.G. craignent que les autorités de Pyongyang ne refusent l'aide alimentaire sous des prétextes futiles, comme cela s'est déjà vu dans le passé.
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Écrit par
- Marie-Orange RIVÉ-LASAN : chercheur indépendant, chargée de cours à Sciences Po Paris, membre associé du Centre de recherches sur la Corée au sein de l'équipe Chine, Corée, Japon de l'E.H.E.S.S.-C.N.R.S.
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