VOS CORNELIS DE (1584-1651)
Né à Hulst, Cornelis de Vos fut placé, ainsi que ses frères Hans et Paul, en apprentissage chez un peintre anversois. Il complète sa formation par un voyage en Hollande et, en 1608, devient franc-maître de la guilde de Saint-Luc à Anvers, dont il est le doyen en 1618. Outre ses lucratives activités de portraitiste à succès, essentiellement entre 1620 et 1640, il travaille dans le commerce d'art, ce qui lui procure une situation matérielle enviable. Il prend aussi part, en compagnie de Jordaens, à des décorations pour l'entrée de l'archiduc Ferdinand d'Autriche, en 1635, et à la décoration du pavillon de chasse de Philippe IV, en 1636, aux environs de Madrid, sur des esquisses de Rubens. La fin de son existence fut probablement moins brillante, et il meurt à peu près oublié à Anvers.
Artiste consciencieux mais peu imaginatif, Cornelis de Vos est fortement éclipsé par les personnalités de Rubens ou de Van Dyck, et il ne participe pas à l'essor de la peinture baroque flamande. Mal à l'aise dans la peinture d'histoire, où son manque d'imagination le trahit (Sacre de Salomon, Kunsthistorisches Museum, Vienne), il se révèle un décorateur sans envergure, mais il donne parfois à ses œuvres quelques accents rubénistes (Continence de Scipion, musée des Beaux-Arts, Nancy, esquisse au musée de Budapest).
Comme portraitiste, Cornelis de Vos s'affirme un artiste exceptionnellement doué. Son esprit observateur lui permet d'analyser avec acuité le caractère de ses modèles, sans laisser place à la flatterie. Un portrait comme celui d'Antonia Canis (coll. Thyssen, Madrid) révèle à la fois la coquetterie de la jeune femme, son regard spirituel, mais aussi ses mains déformées par l'arthrite. De grands marchands anversois et leurs épouses illustrent cet univers bourgeois d'une gravité rassurante.
Le coloris, qui va en se diversifiant et en s'éclaircissant, devient particulièrement heureux pour les portraits d'enfants, où l'artiste excelle (Portrait de famille, Musée royal des beaux-arts, Anvers). Il est très habile aussi dans l'exécution des visages, où le traitement du passage entre la peau et la chevelure est exécuté avec une subtilité caractéristique. Ce sont donc surtout ses portraits d'enfants, d'une candeur émouvante et sincère, qui sont considérés comme le meilleur de son œuvre.
Son frère Paul de Vos (env. 1596-1678) se spécialise dans les scènes de chasse (Chasse au cerf, Musées royaux des beaux-arts, Bruxelles), et son art est proche de celui de son beau-frère, François Snyders, dont il fut vraisemblablement le disciple.
Simon de Vos (1603-1676) fut un élève de Cornelis sinon son parent, avant d'être un collaborateur de Rubens (La Résurrection, cathédrale d'Anvers). Il fut aussi un portraitiste remarquable.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Jean-Marie MARQUIS : historien et critique d'art
Classification
Média