VAN EESTEREN CORNELIS (1897-1988)
Architecte-urbaniste hollandais, théoricien et praticien du mouvement rationaliste et fonctionnaliste orienté par le groupe et la revue De Stijl, Van Eesteren a apporté une contribution substantielle à l'élaboration d'une nouvelle codification de l'architecture (déterminations planimétriques rigoureusement orthogonales, logique structurale fondée sur des articulations de plans droits, dénotation spatiale déléguée à l'interpénétration de dalles planes — cloisons, planchers, plafonds —, signes colorés d'accentuation). Sa rencontre avec Van Doesburg en 1922 marque le début d'une étroite collaboration sanctionnée par l'adhésion au Stijl en 1923 et la rédaction en commun du cinquième manifeste du Stijl en faveur du travail d'équipe et de la réalisation conséquente d'œuvres collectives, l'architecture étant considérée comme phénomène unitaire, résultat de l'interférence de la technique, de l'industrie et de tous les arts. Il s'ensuit, en particulier, que l'incorporation entière de l'activité picturale à l'architecture doit entraîner la disparition du tableau de chevalet. « Nous devons comprendre que l'art et la vie ne sont plus des domaines séparés, écrivent-ils [...]. Notre époque est l'ennemie de chaque spéculation subjective en art, science, technique, etc. L'esprit nouveau qui gouverne déjà presque toute la vie moderne est contre la spontanéité (le lyrisme), contre la domination de la nature [...]. Pour construire une chose nouvelle nous avons besoin d'une méthode, c'est-à-dire d'un système objectif. Si on découvre, dans différentes choses, les mêmes qualités, on a trouvé une échelle objective. Une des lois fondamentales et fixes est, par exemple, que le constructeur moderne rend visible le rapport des qualités et non le rapport des choses en elles-mêmes » (De Stijl, no 6). Dès lors, une nouvelle attitude est adoptée par les militants du Stijl. Elle implique, au niveau de l'architecture, une approche méthodologique basée sur l'établissement de relations spatiales qui expriment la volonté de faire passer l'analyse théorique dans la réalité figurale. Sensible au purisme, à l'austérité, à l'économie linéaire et chromatique, au découpage et au champ iconique illimité du constructivime russe (révélé aux membres du Stijl par l'intervention de Malevitch au Bauhaus en 1926-1927), il tente d'associer l'objet bâti (selon l'ordre réclamé par l'orthodoxie fonctionnaliste) à des partis d'ensemble où la priorité est attribuée à la plastique (volumes simples, angles droits, plans contrastés, relations des volumes et des surfaces), le tissu urbain étant engendré par la répartition des espaces libres et des volumes plus ou moins modulés en hauteur selon un rythme rigoureusement préconçu.
Voilà comment, pour avoir voulu dominer la croissance chaotique de la ville moderne, l'urbanisme se fige à un niveau artificiel, en marge des réalités sociales immédiates, comme phénomène conditionné d'abord par des visées esthétiques et non comme système biologique. Il est vrai que la « dénaturalisation » est l'un des objectifs fondamentaux du Stijl. « L'intelligence construit et se substitue au sentiment », devait écrire un jour Van Eesteren. Il était dès lors dans l'ordre normal des choses de voir l'associé de Van Doesburg participer en 1928, au château de La Sarraz (Suisse), avec ses compatriotes Rietveld, Oud et Stam, à la fondation des Congrès internationaux d'architecture moderne (C.I.A.M.), initiative téléguidée par Le Corbusier, et, a fortiori, de le voir élevé à la présidence de ces mêmes Congrès en 1930. C'est en s'inspirant des principes idéalistes, fonctionnalistes et technocratiques adoptés par les C.I.A.M. et codifiés en[...]
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Écrit par
- Robert L. DELEVOY : directeur de l'École nationale supérieure d'architecture et des arts visuels, Bruxelles
Classification
Autres références
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STIJL DE
- Écrit par Yve-Alain BOIS
- 4 850 mots
...appartient beaucoup plus à ce que l'on nomme le Style international qu'au Stijl proprement dit. Cette contribution architecturale du Stijl se résume à peu près aux projets de Van Doesburg etVan Eesteren exposés dans la galerie de Léonce Rosenberg à Paris, en 1923, et au travail de Gerrit Rietveld.