CORNEMUSE
Instrument à vent qui se compose d'au moins deux tuyaux à anche simple ou double. Les anches sont mises en mouvement par une alimentation d'air provenant de la pression du bras de l'instrumentiste sur un réservoir taillé dans une peau (ou dans un tissu caoutchouté), le sac. Les tuyaux sont fichés dans des alvéoles en bois (les montures) fixées au sac. Celui-ci est gonflé soit par la bouche (au moyen d'un tuyau porte-vent comportant une petite valve en cuir qui obture le tuyau dès que le bras presse le sac et empêche l'air de refluer dans la bouche), soit par des soufflets attachés au corps de l'instrumentiste. Les trous du tuyau mélodique, ou chalumeau, permettent de jouer des mélodies, tandis que les autres tuyaux, ou bourdons, sonnent des notes uniques accordées avec le chalumeau grâce à des tenons extensibles. Le son est continu ; pour articuler la mélodie et répéter des notes, l'instrumentiste fait appel à l'ornementation : il insère rapidement des notes en dehors de la mélodie, qui produisent l'effet de notes détachées.
En Europe, les cornemuses sont attestées dès le ixe siècle ; les témoignages antérieurs sont rares mais comprennent quatre références grecques et latines : Aristophane, Suétone, Martial et Dion Chrysostome. Dans les plus anciennes, le sac est généralement une vessie ou une peau de mouton ou de chèvre entière, moins les arrière-trains ; par la suite, il se compose de deux morceaux de peau découpés à la forme voulue et cousus ensemble. Les cornemuses ont toujours été des instruments traditionnels, mais après le xve siècle certaines ont servi à jouer de la musique de cour et d'autres ont été utilisées comme instruments militaires.
Le chalumeau comporte deux tuyaux en roseau à anche simple placés parallèlement, dont l'un fait sonner un bourdon ou tout autre accompagnement. La plupart débouchent dans une corne de vache faisant office de pavillon ; ce sont les versions à sac des instruments analogues au hornpipe celtique (matelotte) que l'on trouve en Afrique du Nord, dans la péninsule arabe, dans la mer Égée, au Caucase et chez les Mari de Russie. En Europe de l'Est (Serbie, Hongrie et Ukraine notamment), d'autres chalumeaux doubles se composent d'un seul morceau de bois avec deux perces cylindriques (comme dans les tuyaux en roseau) à anches simples primitives en roseau ou en sureau. Il y a aussi un bourdon grave séparé, accordé, comme la plupart des bourdons graves, deux octaves au-dessous de la fondamentale du chalumeau. La gaida bulgare et la dudy (koza) tchéco-polonaise possèdent un seul chalumeau et, sur la dudy, le chalumeau et le bourdon ont chacun un immense pavillon en corne de vache.
Sur les cornemuses d'Europe occidentale, le chalumeau a une perce conique et une anche double ; les bourdons ont des perces cylindriques avec des anches simples, comme sur les cornemuses que l'on trouve ailleurs. La cornemuse écossaise Highland bagpipe (piop mhor) a deux bourdons ténors et un bourdon grave, accordés à une octave d'écart ; sa gamme conserve les intervalles traditionnels étrangers à la musique classique européenne. Il s'agissait autrefois d'un instrument pastoral et festif, comme d'autres cornemuses ; son usage militaire avec des tambours date du xviiie siècle. La Lowland bagpipe écossaise, jouée entre le milieu du xviiie siècle et le milieu du xixe siècle environ, était munie de soufflets, avec trois bourdons dans une monture commune, et avait une sonorité plus douce. Les cornemuses à deux bourdons jouées jusqu'au xviiie siècle en Allemagne, aux Pays-Bas, en Irlande et en Angleterre étaient assez semblables à cet instrument. Le war-pipe moderne irlandais à deux bourdons est une variante du Highland bagpipe reprise vers 1905.
La cornemuse du centre de la France se distingue par un bourdon ténor installé[...]
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Classification
Autres références
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