CORNOUAILLE
Plateau de faible altitude entrecoupé de cuvettes d'effondrement, avec des rivières faiblement encaissées, la Cornouaille s'étend de la pointe du Raz à l'Ellé, de la pointe de Penmarch à la Montagne Noire. Le climat doux, mais venteux, en fait le vrai domaine de la Bretagne maritime. Face à l'ouest, les côtes des « pallues » sableuses de la baie d'Audierne contrastent avec la côte rocheuse du sud du pays bigouden. À la différence de la sauvage grandeur des falaises du Trégorrois, le rivage cornouaillais plonge doucement sur une large plate-forme littorale sur laquelle il s'ouvre en larges baies, que coupe la coulée riante de l'Odet, la rivière de Quimper. La Cornouaille actuelle est plus petite que l'ancien évêché de Cornouaille (ou de Quimper-Corentin) qui englobait, en outre, la presqu'île de Crozon, le bassin de Châteaulin et une bonne partie de la Bretagne intérieure, c'est-à-dire le pays de Poher. Le diocèse était le résultat du découpage de l'antique civitas des Osismii, dont la capitale se trouvait à Carhaix. C'est probablement au ve siècle que le chef-lieu a été transféré à Quimper. Le peuplement breton s'est sans doute opéré de préférence sur les plateaux, le littoral restant occupé par les populations en place. Les nouveaux arrivés provenaient de la Cornouaille britannique, mais aussi du pays de Galles (Langollen = Llangolln ; Tourch = Twrch ; Elliant = Ellian, etc.). Cependant la densité des toponymes en « plou » est moindre que dans le Léon et le Trégorrois. Au Moyen Âge, la maison de Cornouaille a eu son heure de gloire, quand, au xie et au xiie siècle, elle fournit successivement trois ducs de Bretagne. La mort de Conan III (1148) ouvrit d'ailleurs une grave crise de succession. Plus tard, la marine cornouaillaise connut un fort développement. Les Cornouaillais ont, du xve au xviie siècle, dominé la « route du vin » atlantique, menant de Bordeaux et de l'Aunis à l'Angleterre et aux Flandres. Toutefois, Douarnenez et Penmarch ne prennent d'importance qu'au xvie siècle. Ces rouliers de la mer participent, en outre, à la pêche à la morue à Terre-Neuve. Cette prospérité est cependant fragile, fondée qu'elle est sur la médiocrité des besoins des marins-paysans gagne-petit. L'absence d'un véritable capitalisme commercial aboutit à la crise du xviie siècle, qui voit disparaître l'importance du rôle maritime. L'histoire interne de la région est également marquée par de violents soubresauts. En 1489, seize paroisses se révoltent pour demander la paix avec la France ; pendant les guerres de la Ligue, la Cornouaille, par ailleurs ravagée par la peste, la famine et le brigandage, souffre affreusement du passage des armées espagnoles et royales. En 1675, le pays bigouden est l'un des épicentres de la révolte du papier timbré, des « bonnets rouges ». Ainsi la paysannerie, encadrée par le petit clergé, prend à parti la noblesse, tant sous la Ligue qu'en 1675. Sous la Révolution, le Finistère est plutôt du côté des novateurs.
En dépit de l'absence de lœss, la région connaît au cours du xixe siècle un bon développement agricole, les champs de blé, de petits pois, de choux-fleurs s'étendant progressivement jusqu'au pied de la Montagne Noire. Sur la côte, la pêche artisanale connaît, en même temps, un essor remarquable. Légumes et poissons rendent possible une industrialisation relativement précoce fondée sur la conserverie. Cette variété de ressources explique une forte densité démographique. La beauté des sites, l'épanouissement d'une brillante civilisation paysanne justifient l'attrait exercé sur les artistes. Gauguin et ses émules assurent la gloire de l'école de Pont-Aven. Après la Seconde Guerre mondiale, la pêche se développe rapidement (Concarneau, Douarnenez-Camaret, Audierne et Guilvinec).[...]
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Écrit par
- Jean MEYER : professeur à la faculté des lettres et sciences humaines de Rennes
Classification
Médias
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