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CORRESPONDANCE, PRÉFACES, ÉPîTRES DÉDICATOIRES (C. Monteverdi)

Depuis le milieu des années 1980, la discographie et la musicologie montéverdiennes connaissent un véritable renouveau. Les mélomanes ont ainsi pu découvrir simultanément deux excellentes intégrales des opéras de Monteverdi, aux partis pris pourtant opposés, l'une réalisée par René Jacobs (chez Harmonia Mundi), l'autre par Gabriel Garrido (chez K617). Leur divergence esthétique reflète l'effervescence actuelle de la recherche.

Après les temps « héroïques », marqués par les grandes monographies de Henry Prunières (1924), de Gian Francesco Malipiero (1929) et de Leo Schrade (1950), la musicologie montéverdienne était devenue une affaire anglo-saxonne avec, dans les années 1960-1980, les travaux de Denis Stevens, Denis Arnold, Nigel Fortune, Iain Fenlon, Tim Carter. La parution en 1985 de l'ouvrage de Paolo Fabbri (Monteverdi, EDT, Turin) marqua l'émergence d'une autre approche des sources et d'une nouvelle méthodologie. Dans le sillage de Fabbri, les travaux de Lorenzo Bianconi, d'Eva Lax et de Paola Bessuti suscitèrent une véritable émulation internationale. Depuis 1999, on a vu la publication de plusieurs études déterminantes, en particulier sur la musique religieuse mantouane de Monteverdi (Jeffrey Kurtzman, The Monteverdi Vespers of 1610. Music, Context, Performance, Oxford University Press, Oxford, 1999) et sur sa production religieuse vénitienne (Linda Maria Koldau, Die Venezianische Kirchenmusik von Claudio Monteverdi, Bärenreiter, Kassel, 2001).

C'est dans ce contexte particulier que paraissait la première traduction française de l'ensemble des écrits de Claudio Monteverdi : correspondance, préfaces et épîtres dédicatoires. Ce corpus de textes, indispensable pour la compréhension de l'homme et de son œuvre, avait été publié pour la première fois, en italien, par Domenico de' Paoli, en 1973. Une traduction anglaise, par Denis Stevens (omettant le texte italien original), parut en 1980. En 1994, Eva Lax proposa une nouvelle édition italienne, doublée d'une étude remarquable. La réalisation d'Annonciade Russo (Mardaga, 2001), qui met en regard le texte italien et une remarquable traduction française, est grandement redevable à ces trois travaux.

Sur les 127 lettres qui nous sont parvenues, 111 sont conservées aux Archives d'État de Mantoue (fonds des Archives Gonzague). Les 16 autres sont de provenances diverses (Rome, Venise, Florence, Naples, Paris...). Si l'on considère leur chronologie, seules les douze premières furent écrites durant la période mantouane, entre 1601 et 1611, lorsque Monteverdi était au service de Vincenzo II Gonzaga. Les 115 autres, rédigées entre 1613 et 1637, relèvent de la période vénitienne, alors que le compositeur dirigeait la chapelle de Saint-Marc. La majeure partie de ces lettres est destinée à des correspondants mantouans, fonctionnaires ou dignitaires de la cour, tel Alessandro Striggio, le librettiste du premier opéra de Monteverdi, L'Orfeo, et, surtout, le secrétaire particulier des Gonzague.

C'est donc un aspect très parcellaire de l'homme et du compositeur que l'on peut découvrir dans ces lettres. Le contexte de rédaction et la qualité des correspondants ne permettent pas à la musique d'être au cœur du propos la plupart du temps. Monteverdi se plaint souvent de problèmes pécuniaires, qu'il faut cependant relativiser : à Venise, comme il le reconnaît lui-même, il touche un salaire qu'aucun autre maître de chapelle n'avait obtenu avant lui ; il se plaint en fait d'anciennes créances et, surtout, du traitement qui lui était réservé à la cour de Mantoue. En réponse aux propositions renouvelées de ses anciens patrons, il explique, avec maints détails éclairants, qu'il ne saurait reprendre son ancienne condition de « musicien serviteur » (cf. la très longue lettre no 49).[...]

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Écrit par

  • : professeur d'analyse et de culture musicale à l'École nationale de musique de Montbéliard et au Conservatoire national supérieur de musique de Paris

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