CORRIERE DELLA SERA
Quotidien du matin, le Corriere della sera a été fondé à Milan en 1876. Il devient rapidement une institution de la vie politique et culturelle italienne, s'assurant le concours de grands écrivains comme Gabriele D'Annunzio, Luigi Pirandello ou Alberto Moravia. Il est alors le seul quotidien italien à pouvoir prétendre à une audience nationale réelle ; il bénéficie également d'une bonne image internationale. Longtemps possédé par la famille Crespi, le journal devient, en 1974, la propriété du groupe Rizzoli. Ce changement a entraîné une évolution dans l'orientation du quotidien : plutôt organe, jusque-là, de la grande bourgeoisie libérale, il se situe désormais plus à gauche, et devient plus hostile à la Démocratie chrétienne.
Outre le Corriere della sera, Rizzoli contrôlait à cette époque des entreprises d'édition de livres, de production de films, une chaîne de télévision privée, six quotidiens régionaux et un quotidien sportif. Mais le groupe commence à connaître des difficultés financières. Le rachat de la « vecchia signora » de Milan lui a coûté cher et il a échoué, d'une part, à relancer l'hebdomadaire Europeo, et, d'autre part, à lancer un grand quotidien populaire, Occhio. Le journal va aussi être ébranlé par le scandale du Banco Ambrosiano et celui de la loge P2, après lequel il perd plus de 100 000 lecteurs.
En 1984, Rizzoli (qui prendra en 2003 la dénomination de RCS Media Group) est repris par le groupe Gemina, ce qui représente une prise de contrôle indirecte par la famille Agnelli (groupe Fiat), actionnaire de Gemina et par ailleurs propriétaire de La Stampa. Le Corriere della Sera va reprendre progressivement sa place de rouage essentiel des médias italiens en redevenant le quotidien le plus diffusé dans la péninsule. Sont rattachés au Corrieredella sera de nombreux suppléments thématiques et régionaux, RCS Media Group possédant par ailleurs le célèbre quotidien sportif La Gazzettadello sport. En 2016, la famille Agnelli se désengage et Urbano Cairo, déjà propriétaire d'un autre groupe de communication (Cairo Communication), prend le contrôle de RCS Media Group. Si son site Internet a un réel succès, le titre, comme tous ses concurrents de la presse italienne, connaît de grandes difficultés.
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Écrit par
- Christine LETEINTURIER : maître de conférences honoraire à l'université de Paris-II-Panthéon-Assas, Institut français de presse
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