CORSE
Un objet de rivalités historiques
La Corse a toujours attiré l'attention des peuples commerçants qui ont cherché à s'assurer les voies maritimes. Le relief la divise en deux parties : l'Est (ou En deçà, par rapport à l'Italie) et l'Ouest (ou Au-delà), qui se sont souvent opposées et dont la rivalité a réduit l'efficacité de la lutte contre les conquérants, qui est le fait constant de son histoire.
Une succession de colonisations
Les origines
Il n'est pas certain que l'île ait été occupée au Paléolithique ; par contre, les vestiges néolithiques sont très abondants, surtout dans le Centre, l'Ouest (Balagne) et le Sud (Sartenais). La période protohistorique commence à être connue grâce aux recherches systématiques conduites depuis 1954, qui ont mis au jour une civilisation mégalithique près du golfe de Valinco (Filitosa). Au IIe millénaire, les envahisseurs construisent des lieux fortifiés, des tours rituelles comparables aux nuraghès de Sardaigne, et ils dressent des statues-menhirs.
À l'époque historique, l'île abrite des populations d'origine ibérique et celtoligure venues du continent. Les Phéniciens ne font qu'y créer des comptoirs pour échanger leurs marchandises contre les produits indigènes. Les premières installations permanentes sont dues aux Phocéens, Grecs d'Asie Mineure, qui, après avoir fondé Marseille (vers 598 av. J.-C.), cherchent à assurer leurs liaisons avec la Grande Grèce et fondent vers 540 Alalia, à l'est, au débouché du Tavignano. De là, ils mettent en culture la plaine orientale, introduisent les techniques et la civilisation grecques ; c'est devant le port qu'une coalition étrusco-carthaginoise est vaincue en 535. Les fouilles entreprises à Aleria (Alalia) depuis 1955 ont démontré que l'occupation grecque avait eu plus de portée qu'on ne le pensait jusque-là, et que les relations avec la Grande Grèce furent étroites pendant tout le ive siècle ; puis le déclin de Syracuse fait passer l'île sous l'influence carthaginoise.
Romanisation et prospérité
La Corse apparaît alors dans la rivalité entre Rome et Carthage ; après avoir conquis la Sicile entre 264 et 241, les Romains sont obligés d'engager dix expéditions pour que sa pacification soit assurée en 162. L'occupation romaine marque une période féconde ; on savait depuis longtemps qu'Aleria avait été un foyer important de romanisation ; des recherches plus systématiques ont permis de retrouver le plan de la ville romaine et d'exhumer des vestiges remarquables. Des colonies de vétérans sont installées, surtout dans la plaine orientale, des marchés permanents sont fondés, des routes tracées, les échanges commerciaux avec l'Italie sont actifs ; la civilisation et la langue romaines pénètrent en profondeur. Le christianisme est apparu de bonne heure par la voie des colonies romaines ; des persécutions, les Corses ont retenu, sans que l'on puisse exactement les dater, les martyres de Dévote, Julie, Restitute.
La papauté, Gênes et l'Aragon
Avec l'effondrement du monde romain s'efface aussi ce temps de prospérité. La Corse, comme le reste de l'Europe, voit déferler les Barbares (Vandales). Au début du vie siècle après J.-C., l'Empire romain centré à Byzance tente de reprendre ses anciennes provinces ; la Corse est conquise sous Justinien, mais la domination byzantine, avec les exactions des collecteurs d'impôts, n'apporte que la misère, ce qui entraîne l'intervention du pape Grégoire le Grand (590-604) ; sa correspondance avec les visiteurs apostoliques et les évêques donne des précisions sur la situation misérable de l'île, sur l'œuvre de pacification et sur la pénétration du christianisme qui a donné lieu à la création de six évêchés ; ainsi se fondent les droits du pape sur la Corse, qui sont confirmés par Pépin le[...]
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Écrit par
- Christian AMBROSI : professeur au lycée Henri-IV, Paris
- Gilbert GIANNONI : chef de service, Encyclopædia Universalis
- Janine RENUCCI : professeur émérite à l'université de Lyon-II
- André RONDEAU : professeur à la faculté des lettres et sciences humaines de Nanterre
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