CORTÉS HERNÁN ou CORTEZ FERDINAND (1485 env.-1547)
L'organisation d'un empire
Cortés organisa aussitôt ses conquêtes : il fit rebâtir Mexico et s'appuya pour gouverner le pays sur les autorités indigènes traditionnelles. Mais, en même temps, il distribuait des encomiendas à ses compagnons déçus par la modicité de leur part de butin, et se préoccupait de l'évangélisation des Indiens. Il réussit aussi à se faire confirmer par Charles Quint dans ses fonctions de gouverneur de la Nouvelle-Espagne. Mais sa malheureuse expédition au Honduras contre un de ses lieutenants révoltés (1524-1526) – au cours de laquelle il fit exécuter Cuauhtémoc – laissa le champ libre à ses ennemis. Après avoir rétabli l'ordre à Mexico, il partit se justifier en Espagne : on l'accusait, entre autres méfaits, du meurtre de sa femme et de l'empoisonnement de plusieurs envoyés royaux. Charles Quint devait cependant lui conférer le marquisat « del Valle de Oaxaca » et des droits seigneuriaux sur les plus riches provinces du Mexique ; mais il ne lui laissa pas le gouvernement de la Nouvelle-Espagne, confié à une audiencia (1527), puis à un vice-roi (1535).
De retour au Mexique en 1530, après s'être allié par un nouveau mariage à la grande noblesse espagnole, Cortés se consacra, en homme d'affaires entreprenant et avisé, à l'exploitation de ses domaines : moulins à sucre, élevage, mines d'or et d'argent. Il fut moins heureux dans ses tentatives d'exploration du Pacifique : les escadres qu'il finança à grands frais ne réussirent pas à établir une liaison avec les Moluques. Du moins faut-il mettre à son actif la découverte de la péninsule de Californie (1534-1535).
Les mauvaises relations de Cortés avec le vice-roi et l'audiencia, et les multiples procès dans lesquels il se trouvait engagé, le décidèrent à retourner en Espagne (1540). Il y vécut en grand seigneur et prit part à la malheureuse expédition de Charles Quint contre Alger. Mais la cour ne lui rendit pas le rôle politique qu'il prétendait jouer au Mexique : de là, peut-être, la légende des persécutions et de la pauvreté qui auraient marqué ses dernières années. Il mourut à Castilleja de la Cuesta, près de Séville, alors qu'il se préparait à regagner la Nouvelle-Espagne : on y transporta ses restes, qui reposent toujours à l'hôpital de l'Immaculée Conception de Notre-Dame (ou hôpital de Jésus), qu'il avait fondé à Mexico dès 1525.
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Écrit par
- Jean-Pierre BERTHE : maître assistant à l'École pratique des hautes études, directeur du Centre d'études prospectives et d'informations internationales
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