CORTINA D'AMPEZZO (JEUX OLYMPIQUES DE) [1956] Contexte, organisation, bilan
Le 9 juin 1939, Cortina d'Ampezzo avait été désignée ville d'accueil des Jeux d'hiver de 1944, lesquels seront bien sûr annulés. La cité des Dolomites se trouve de nouveau en lice quand le C.I.O. tient sa quarante-troisième session, à Rome, du 24 au 30 avril 1949, l'ordre du jour étant consacré à l'élection des villes organisatrices des Jeux de 1956. Pour l'édition hivernale, Cortina d'Ampezzo est choisie dès le premier tour de scrutin, avec trente et une voix, contre sept pour Montréal (Canada), deux pour Colorado Springs (États-Unis) et une pour Lake Placid (États-Unis).
Cortina d'Ampezzo, cité de sept mille habitants, saisit l'opportunité olympique pour se faire connaître et attirer par la suite les touristes. Le budget des Jeux se monte à près de 2,7 milliards de lires, dont 1,9 milliard consacrés à l'édification des diverses installations sportives. La construction du magnifique Stadio del ghiaccio (stade de glace), qui peut accueillir sept mille spectateurs, engloutit à elle seule 1,3 milliard de lires. Théâtre des cérémonies d'ouverture et de clôture, cet écrin voit se produire, en plein air, les patineurs artistiques. La piste de bobsleigh de Ronco, construite en 1923, est rénovée. Un anneau de 400 mètres est aménagé sur la glace naturelle du lac de Misurina : ce magnifique endroit situé à 13 kilomètres de Cortina d'Ampezzo, à 1 750 mètres d'altitude, est surnommé la « perle des Dolomites ». Les parcours de ski de fond sont tracés autour du hameau de Campo di Sotto, à 2 kilomètres de Cortina d'Ampezzo. Les pistes de ski alpin sont aménagées dans le massif de la Tofana. Construit en 1940 près de Zuel, le Trampolino Italia voit se produire les sauteurs à skis. Un effort particulier est fait pour la presse ; en outre, les Jeux d'hiver de Cortina d'Ampezzo sont les premiers à être retransmis par la télévision.
Le programme sportif compte vingt-quatre épreuves (contre vingt-deux en 1952), car le ski de fond s'enrichit du 30 kilomètres masculin et du relais 4 fois 5 kilomètres féminin. Huit cent vingt et un sportifs et sportives, représentant trente-deux pays, prennent part aux compétitions. La participation connaît donc une hausse (on comptait six cent quatre-vingt-quatorze concurrents représentant trente pays en 1952) : cet accroissement est essentiellement dû à l'arrivée aux Jeux de l'U.R.S.S., qui engage une imposante délégation (soixante-sept sportifs et sportives).
Ces VIIes jeux Olympiques d'hiver demeurent marqués par le formidable exploit de l'Autrichien « Toni » Sailer, vainqueur des trois épreuves de ski alpin : ce jeune homme de vingt et un ans originaire de Kitzbühel devient un héros national et peut se voir considéré comme la première véritable star de l'histoire des Jeux d'hiver. Par ailleurs, le Finlandais Antti Hyvärinen brise l'hégémonie norvégienne en saut à skis, alors que le patineur de vitesse soviétique Evgueni Grichine remporte deux médailles d'or.
La grande nouveauté de cette édition est donc l'arrivée de l'U.R.S.S., dont les concurrents multiplient les exploits : les hockeyeurs soviétiques sont champions olympiques, mettant un terme à la domination canadienne ; l'équipe de ski de fond s'adjuge deux médailles d'or, deux médailles d'argent et trois médailles de bronze ; dans le sillage de Grichine, les patineurs de vitesse soviétiques remportent quatre médailles d'or, une médaille d'argent et deux médailles de bronze. Aussi, sorte de révolution olympique hivernale, l'officieux classement des nations voit déjà apparaître en tête l'U.R.S.S. (sept médailles d'or, trois médailles d'argent et six médailles de bronze, soit seize médailles au total). Elle précède très nettement l'Autriche (quatre médailles d'or, trois médailles d'argent, quatre médailles de bronze, soit onze médailles[...]
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Écrit par
- Pierre LAGRUE : historien du sport, membre de l'Association des écrivains sportifs
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