COSMÉTOLOGIE
Prévenir les maladies
Soigner la peau normale c'est aussi la protéger des agressions : des irritants, des détergents et, bien sûr, et surtout, du soleil. Les cosmétiques sont au cœur de la prévention contre les agressions responsables de nombreuses maladies cutanées (cancers, eczémas, psoriasis...). Ils sont au cœur du dialogue entre santé et environnement dans toute sa complexité. Les agressions, en effet, sont ambivalentes : à petites doses elles stimulent les capacités de défense, à fortes doses elles tuent. L'évolution de la vie s'est faite de l'agression subie, destructrice, vers l'agression utilisée, domestiquée, transformée en source d'énergie : la domestication de l'agression solaire par la photosynthèse en est un bel exemple.
Contre les facteurs agressifs, la protection totale est impossible et la faire espérer est dangereux ; c'est favoriser les expositions chroniques et les risques associés : photovieillissement et cancers cutanés. La cosmétologie de prévention doit donc relever un double défi : celui de la recherche, nécessaire pour comprendre les dommages cellulaires et moléculaires provoqués par les agressions aiguës et chroniques et mettre au point des parades efficaces, mais aussi celui de la communication car, en l'absence d'éducation associée, un produit de prévention risque d'accroître paradoxalement l'exposition au risque dont il protège. Cette éducation, bien au-delà de la simple information, doit s'attacher à modifier les comportements avec l'aide, nécessaire mais non suffisante, des cosmétiques de prévention.
À travers cette recherche, la cosmétologie évolue : de la conception de simples produits protecteurs posés sur la peau, on passe à une véritable cosmétologie active avec des produits destinés à stopper la cascade des événements moléculaires provoquée par les agents nocifs (le développement des antioxydants dans le domaine de la protection solaire en est un bon exemple). De la simple information sur le produit vendu, on passe, on devrait passer, à un processus éducatif permettant au consommateur d'intégrer l'utilisation optimale du produit dans un ensemble de connaissances sur le couple environnement-agression (celle qui est liée au soleil, par exemple) et sur sa propre peau. Cette démarche (où recherche et communication iraient de pair) devrait rendre possible, en complément de la prévention collective, une prévention individualisée. Cette dernière nécessitera l'intervention d'experts capables de situer l'individu sur une échelle de risque et de proposer une protection adaptée. Il est intéressant de noter qu'une évolution tout à fait parallèle s'est produite dans un autre domaine, celui de la nutrition, aboutissant à des modifications majeures dans les comportements alimentaires des Français.
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Écrit par
- Louis DUBERTRET : professeur de la clinique des maladies cutanées, université de Paris-VII, chef de service de dermatologie à l'hôpital Saint-Louis, directeur de l'Institut de recherche sur la peau
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