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PALAMAS COSTIS (1859-1943)

Chef de file de sa génération, dite de 1880, Palamas domina la littérature néo-hellénique pendant plus d'un demi-siècle. Poète, prosateur, critique littéraire, auteur d'une pièce de théâtre, traducteur, il exerça une influence décisive : le sort du lyrisme grec ainsi que celui de la langue populaire paraissent inséparables de sa personne. Deuxième synthèse après celle de Solomos, l'œuvre de Palamas, suivant la ligne ascendante de la bourgeoisie et de l'élan nationaliste en Grèce, sut s'appuyer sur la tradition et orchestrer tous les sons – lyriques, épiques ou dramatiques – pour dégager une harmonie polyphonique. Son ton dominant reste néanmoins le duo, une sorte d'unité dialectique des contraires : Grec aussi bien qu'Européen, poète aussi bien que penseur, Palamas est surtout, selon sa propre expression, « un poète penseur ».

Le protagoniste d'une synthèse

Il était né à Patras, d'une famille de lettrés. Orphelin à sept ans, il passe le reste de son enfance et son adolescence à Missolonghi. Privé de sollicitude maternelle, solitaire, méprisé par ses camarades, le jeune garçon trouve un refuge dans les livres et, à neuf ans, il fait déjà des vers. En 1875, il s'inscrit à l'université d'Athènes et, fixé bientôt dans la capitale, il y passera toute sa vie « immuable ». Ni voyages à l'étranger, ni longs déplacements à l'intérieur du pays. Palamas vécut comme un bourgeois moyen, près de sa femme et de ses enfants, journaliste d'abord, ensuite secrétaire de l'Université (1897-1928).

À Athènes, autour des années 1880, le déclin du romantisme et la faillite de la langue puriste étaient manifestes ; le besoin d'un renouveau se présentait, impérieux ; une nouvelle bourgeoisie, en plein essor, imposait son réalisme progressiste. Dans ces conditions, la littérature devait se réconcilier avec la réalité, avec la langue et la tradition populaires. Palamas se mit en tête du mouvement. Dès son premier recueil de poèmes, Chansons de ma patrie (1886), sa démarche apparaît claire : langue populaire, goût de la vie quotidienne, joie de vivre, hommage à Denis Solomos. Aristote Valaoritis, poète ionien romantique, mais vulgariste, lui avait déjà servi d'intermédiaire ; Palamas devait maintenant de plus en plus se nouer à l'école ionienne. En 1888, un nouvel allié, Jean Psichari (Mon Voyage), linguiste et théoricien de la langue populaire, vint offrir ses bons services et sa combativité : la langue du peuple entrait victorieuse dans le domaine de la prose.

Mais la contribution de Palamas ne se limite pas seulement au mouvement vulgariste. Sans doute sa synthèse allait-elle beaucoup plus loin. Poète de grande culture, orienté vers l'Europe, surtout la France, il assimile facilement tous les courants de son temps. Son inspiration n'ignore ni l'héritage antique, à travers un souffle parnassien ou néo-classique : Hymne à Athéna (1889), Iambes et Anapestes (1897), ni le symbolisme et les tons d'une intimité lyrique et néo-romantique : Les Yeux de mon âme (1892), Le Tombeau (1898). Le début du xxe siècle marque son apogée ; trois livres notamment constituent la quintessence de son œuvre poétique, l'illustration de sa « pensée lyrique » : La Vie immuable (1904), Les Douze Paroles du tzigane (1907), La Flûte du roi (1910). Palamas avait déjà eu le temps de s'occuper de prose : La Mort du Pallicare (1891), ainsi que de théâtre : Trisevghéni (1903). Épuisé, dirait-on, par ses grands efforts de la période 1900-1910, il s'adonne par la suite à la composition de poèmes plus ou moins courts. Sa vieillesse ne fut pas privée de souffle créateur. Mais la réalité grecque, surtout après la catastrophe d'Asie Mineure (1922), correspondait de moins en moins à sa verve prophétique et grandiloquente ; d'autres poètes[...]

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Écrit par

  • : professeur de littérature néo-hellénique à l'université de Salonique

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  • GRÈCE - Langue et littérature

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