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COSTUME DE THÉÂTRE

Moyen de métamorphose, le costume est un des signes visibles du théâtre. Il est à la fois réel et irréel : réel par ses liens avec le vêtement d'une époque, irréel parce qu'il est chargé d'une signification plus forte, celle d'un véritable code vestimentaire. Longtemps, le costume n'a représenté que le goût d'un acteur ou sa richesse. Les classiques français étaient représentés en habit de cour. Au xviiie siècle, recherchant plus de vérité et de naturel, certains acteurs rejettent les robes de cour à queue et à paniers ou les cuirasses et les chapeaux à plumes pour un costume plus vraisemblable et plus simple. Dans la comédie et la farce, les costumes avaient subi l'influence de ceux de la tradition du Pont-Neuf et des Italiens. Le costume concourait alors à typer un personnage. Pour le public du parterre qui reconnaissait son acteur favori sous le costume d'un personnage qu'il connaissait bien, ce costume « comique » lui paraissait voisin de ceux de la rue. Le costume est alors un signe immédiatement déchiffrable. Les comédiens ont coutume de dire que le costume joue, au même titre que tout ce qui a une existence scénique propre. En même temps, les costumes de théâtre ne doivent pas prendre une valeur détachée de l'acteur, du personnage qu'ils montrent. Ce que l'acteur appelle « habiter son costume » traduit un accord profond entre le comédien et son costume. « Sur les tréteaux, disait Gischia, formes et couleurs représentatives d'un personnage sont en mouvement. Elles se déplacent dans un espace à trois dimensions suivant un rythme qui, proprement réglé, doit avoir la rigueur et l'unité d'un mouvement musical. Ainsi le costume cesse d'être un déguisement. Il devient un élément essentiel du mouvement dramatique. » Comme pour les autres éléments scéniques, les plus grands dramaturges ont apporté le plus grand soin à la création des costumes. Après Hugo, Brecht et beaucoup d'autres, Jean Genet a donné des idées de costumes pour la réalisation de ses pièces en accordant par ailleurs un grand soin au maquillage, comme à un prolongement expressif et signifiant du costume. À propos d'un personnage des Paravents, il écrit : « Le visage tout blanc. On le peint sous les yeux du spectateur. Je la vois verte. Dans un grand cotillon blanc, pas fait avec des pièces rajoutées, mais fait dans un bon tissu, peut-être rose. On lui mettra un grand manteau doré. Comme une chape de Saint-Sacrement. » Genet parle tout simplement du costume de la salle : « Que les costumes des spectateurs soient bariolés ou non, couverts de bijoux ou de n'importe quoi, cela n'aura aucun inconvénient pour la probité du spectacle donné sur la scène [...]. Il serait bon qu'une espèce de folie pousse les spectateurs à s'accoutrer bizarrement pour aller au théâtre [...]. Plus le spectacle de la scène sera grave et plus les spectateurs éprouveront peut-être le besoin de l'affronter parés, et même masqués. »

Le théâtre moderne s'intéresse plus aux matériaux, aux matières du costume qu'à l'aspect « haute couture » qui a symbolisé un certain théâtre de Boulevard. Le costume connaît ses périodes de sagesse et de folie. Les premières manifestations théâtrales se passaient du costume. La fête religieuse devient spectacle et l'on habille les personnages. Les troupes ambulantes seront souvent habillées par ceux qui les reçoivent. Quand le théâtre dégage sa spécificité, le costume prend valeur d'image. Au xviie siècle, où l'on fait un effort d'authenticité, Jupiter a recours au vêtement quotidien, c'est-à-dire celui d'un chevalier à la parade, et les comédiens sont habillés à la mode du jour. À la fin du xviie siècle apparaît le costume de scène en tant que tel : Andromaque est[...]

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Écrit par

  • : metteur en scène, conseiller en éducation populaire et techniques d'expression

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