CÔTE D'IVOIRE
Nom officiel | République de Côte d'Ivoire (CI) |
Chef de l'État | Alassane Ouattara (élu le 28 novembre 2010, proclamé le 5 mai 2011) |
Chef du gouvernement | Robert Beugré Mambé (depuis le 17 octobre 2023) |
Capitale | Yamoussoukro |
Langue officielle | Français |
Unité monétaire | Franc CFA |
Population (estim.) |
32 065 000 (2024) |
Superficie |
322 462 km²
|
La Côte d'Ivoire en crise
À partir de la fin des années 1970, le système d'Houphouët-Boigny, qui avait permis le « miracle ivoirien », tend à montrer des signes d'essoufflement. Il entre progressivement en crise dans les années 1980 pour se bloquer dans les années 1990 et déboucher sur la violence à partir de 1999.
La fin du régime d'Houphouët-Boigny et la radicalisation de l'ivoirité
Le modèle d'intégration des allogènes va fonctionner tant bien que mal jusqu'à la fin des années 1970, date à laquelle il entre en crise, sous l'influence de divers facteurs tels que l'augmentation de la pression sur la terre ; la baisse des prix agricoles et la crise de l'économie de plantation ; la crise fiscale et la réduction des ressources publiques qui huilaient ce système ; les mesures d'ajustement structurel imposées par le Fonds monétaire international (F.M.I.) et la mise en œuvre des politiques de privatisation des filières, etc. Ces phénomènes ont grippé les rouages de la régulation politico-clientéliste qui s'était mise en place dès avant l'indépendance et avait permis la coexistence plus ou moins pacifique entre les communautés, notamment entre « autochtones » et « allogènes ».
Le modèle reposait surtout sur un clientélisme institutionnalisé, qui était étroitement lié aux ressources du cacao, via la Caisse de stabilisation des produits agricoles (Caistab, organisme en place de 1963 à 1998). Ce sont les fondations de ce système qui, à partir de la fin des années 1980, se sont effondrées sous l'effet de la crise économique, de l'affirmation des nouvelles générations (civiles et militaires) et surtout des ambitions politiques des successeurs d'Houphouët-Boigny. En 1990, sous la pression de la rue, et notamment du F.P.I. et de la F.E.S.C.I. (Fédération estudiantine et scolaire de Côte d'Ivoire, le principal syndicat étudiant) qui réclamaient la démocratie, Houphouët-Boigny dut accepter le multipartisme. Mais la crise n'en fut pas résolue pour autant. Bien au contraire, le processus de démocratisation, octroyé « par le haut », n'apaisa pas les tensions, qui s'accumulèrent tout au long de la décennie 1990. L'épuisement du système « houphouëtiste » a ouvert la voie à une contestation de plus en plus violente de l'ordre social, économique et politique. Les arrangements clientélistes se sont renforcés avec l'ouverture au multipartisme en 1990 et surtout à l'approche du scrutin présidentiel de 1995 : pour s'assurer des soutiens dans un contexte de concurrence partisane accrue et de contestation sociale grandissante, le P.D.C.I. distribua des cartes d'identité à des ressortissants étrangers dans une pure logique de patronage. Cela suscita de vives réactions de l'opposition – F.P.I. en tête – qui dénonça l'usage de ce « bétail électoral ». Ainsi, la crise politique s'est accompagnée d'une remise en cause progressive d'un des principes structurants du « miracle ivoirien » : l'accueil des étrangers, et d'une radicalisation des débats autour de l'immigration et de l'autochtonie. Ce processus était déjà à l'œuvre dans les années 1970-1980, et avait poussé le pouvoir à engager une politique d' « ivoirisation » en matière de recrutement des cadres de la fonction publique. Mais les tensions se sont aggravées sous le mandat du président Henri Konan Bédié (1993-1999) qui, en partie pour des raisons électoralistes, ouvrit la boîte de Pandore de l'ivoirité. Président de l'Assemblée nationale, et donc successeur constitutionnel du chef de l'État, c'est à lui qu'échut la direction du pays à la mort du Père de la nation en décembre 1993. Ancien ministre des Finances du « Vieux », fin connaisseur des arcanes du parti et de l'administration, baoulé originaire de la région de Dimbokro, Konan Bédié le « dauphin » ne disposait pourtant pas du même charisme que son illustre prédécesseur. Il parvint au pouvoir au[...]
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Écrit par
- Richard BANÉGAS : professeur de science politique au Centre d'études des relations internationales de la Fondation nationale des sciences politiques, Sciences Po
- Jean-Fabien STECK : maître de conférences en géographie à l'université de Paris-X-Nanterre
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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Autres références
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