CÔTES, géomorphologie et géographie
Les types de côtes
Quelle que soit l'origine des côtes, quelle que soit la part que la mer a prise dans leur façonnement, l'ennoiement en est la caractéristique générale ; mais sur certaines côtes dominent les formes de simple submersion, sur d'autres la mer a pu développer des formes construites ou érodées.
La date relativement récente de la submersion flandrienne fait que la plupart des côtes portent nettement les traces du système morphogénétique non marin par lequel le paysage initial avait été façonné. Même là où le modelé actuel peut apparaître comme entièrement marin, c'est simplement parce que le modelé ancien le permettait à cause de sa faible énergie.
Il est donc préférable d'établir la classification des côtes à partir du paysage initial, et, selon l'énergie avec laquelle la mer a pu transformer celui-ci, on distinguera, dans chaque catégorie, des modalités graduées. Mais il faut, du point de vue de leur influence sur les côtes, introduire une distinction fondamentale entre les divers styles morphogénétiques subaériens responsables du modelé antérieur : d'une part ceux où le rôle essentiel est joué par les conditions de structure (au sens strict, c'est-à-dire de répartition des masses résistantes et des masses tendres), et d'autre part ceux où le modelé reflète surtout l'action du climat, ou celle de la lithologie. Dans le premier cas, les contraintes structurales joueront aussi bien pour l'action de la mer que pour l'action subaérienne qui a précédé, et il y aura donc une large continuité entre les deux modelés. Dans le second cas, un facteur exogène de la morphogenèse succède à un autre facteur exogène totalement différent ; il n'y a que peu de termes communs entre les deux modes d'action, et du contraste vigoureux entre ces deux types d'action naîtra la gamme très variée des paysages possibles, selon que l'ancien ou le nouveau système domine.
Côtes sans contraintes structurales
Les paysages dont le modelé initial reflétait essentiellement les conditions non structurales sont surtout ceux qui se développent par la submersion de régions façonnées par un système morphoclimatique tel que le modelé glaciaire, le modelé tempéré, le modelé désertique ; ou bien ces modelés se développent librement, aux dépens de roches sans personnalité marquée, ou bien les caractères particuliers des roches attaquées (calcaires ou grès, par exemple) marquent le façonnement de nuances si sensibles qu'elles ont autorisé bien des auteurs à parler de modelé calcaire ou de modelé gréseux.
Ennoiement de paysages à modelé zonal
Le grand contraste entre l'action climatique ancienne et l'action marine actuelle rend particulièrement évident le phénomène d'ennoiement. Ce sont là les côtes « initiales » les plus typiques.
La mer peut envahir des paysages glaciaires et périglaciaires.
C'est ainsi que les côtes à fjords sont considérées comme les plus évidemment « initiales » ou « primaires », celles qui ont le mieux conservé leur morphologie prémarine. Elles sont particulièrement nettes dans les bordures montagneuses, car les auges glaciaires y ont été plus profondément burinées. Leur étroitesse, leurs sinuosités, la faible profondeur de l'entrée liée à des dépôts morainiques frontaux ont empêché les actions marines du large d'y pénétrer, aussi bien que des houles internes de s'y développer. La morphogenèse actuelle est généralement limitée à la constitution de petits deltas au débouché des cours d'eau qui se jettent dans le fjord.
Mais la côte à fjords n'est qu'un cas de côte glaciaire : dans l'avant-pays, par exemple au sein des collines moutonnées par le passage de la glace, le paysage glaciaire était caractérisé par l'accumulation, entre les reliefs, de dépôts morainiques[...]
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Écrit par
- Jean-Pierre PINOT : professeur à l'université de Bretagne-Occidentale, Brest
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