TURBIDITÉ COURANTS DE
Le courant de turbidité n'est qu'un cas particulier du courant de densité, lequel se définit comme une masse fluide en mouvement au sein d'un fluide en équilibre, sous l'effet d'une différence de densité avec celui-ci. La densité y est due à la charge en particules maintenues en suspension par turbulence. Elle varie au sein du courant en fonction de la concentration variable en particules de dimensions différentes.
Les courants de turbidité hydrauliques, dont l'excès de densité est dû à une charge en sédiments, sont considérés comme responsables de la sédimentation de formations détritiques anciennes que l'on regroupe sous la dénomination ambiguë de « flysch ». C'est à partir de cette conception de la genèse de ces formations que l'on a été amené à envisager la réalité de l'intervention de ce phénomène hydrodynamique dans la sédimentation de corps sédimentaires détritiques, appelés turbidites, qu'on trouve au fond des océans et des lacs, naturels ou artificiels.
Les courants de turbidité sous-aquatiques, qui se développent en fonction de la pente sous l'action de la densité effective, proviennent soit de la décharge d'une masse sédimentaire importante par les fleuves, soit de glissements et d'écroulements sous-aquatiques se produisant à la suite d'une rupture d'équilibre ou lors de certains séismes.
Les déplacements en masse par glissement sous-aquatique jouent un rôle considérable dans le processus de mise en place de corps sédimentaires ou de remaniement des dépôts dans les formations anciennes. Il s'agit des blocs exotiques appelés aussi klippes sédimentaires ou olistolites, parfois de très grandes dimensions, noyés dans les formations sédimentaires, disséminés ou formant des accumulations qui peuvent être grandioses ( olistostromes).
Les glissements sous-aquatiques, d'abord mis en évidence dans les lacs, font désormais l'objet d'importantes études dans le domaine océanique.
Le flysch
Bernhard Studer, en 1827, employa pour la première fois le terme Flysch, emprunté au patois local des Alpes suisses du Simmental, pour caractériser un ensemble de formations gréseuses, schisteuses et calcaires qui, ultérieurement, se révéla correspondre à un ensemble hétérogène de séries d'origine différente en superposition tectonique. La notion de flysch connut un grand succès sans, pour cela, qu'une définition claire en soit donnée. C'est à C. J. Migliorini et à P. H. Kuenen, entre la fin des années 1930 et le début des années 1950, que l'on doit la prise en considération du phénomène hydraulique unique que représente le courant de turbidité pour l'explication de la constitution interne et de la genèse des formations du flysch.
Les flyschs se présentent comme l'accumulation monotone alternante de termes gréseux, ou purement microbréchiques, et de termes schisteux. Dans certains cas, des niveaux calcaires ou marneux s'intercalent. Ces formations montrent une grande variabilité de faciès, très sensible même à l'intérieur d'un flysch donné. Leur parenté tient à la particularité de la constitution du faciès « flysch » type, à partir duquel s'ordonnent des variations multiples, conduisant même, par passage plus ou moins progressif, à des formations qui n'ont plus aucun des caractères de la constitution type. L'organisation en séquences lithologiques nettes, qui sont des tranches de sédiments compris entre des surfaces de discontinuité successives, caractérise le flysch dans son faciès type. L'existence de la discontinuité de sédimentation est matérialisée par une semelle portant des figures sédimentaires et représentant la contre-empreinte fossilisée du fond au moment du dépôt ; cette semelle est ornementée de traces d'origine organique et de traces d'érosion dues au courant de transport et de dépôt. La séquence lithologique[...]
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Écrit par
- Marcel LANTEAUME : professeur à l'Université de Caen
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