COURS DE PEINTURE PAR PRINCIPES, Roger de Piles Fiche de lecture
Cet ouvrage est le dernier d'une série de textes sur l'art que Roger de Piles (1635-1709) a fait paraître à partir de 1667, notamment des apologies de la peinture coloriste prenant pour modèles les tableaux de Rubens de la collection du duc de Richelieu. Quant aux informations historiques, à la « distinction des parties » de la peinture et des critères auxquels elles doivent répondre, à la définition des qualités et compétences requises du peintre, Piles est fortement tributaire de ses devanciers italiens (Alberti, Léonard, Vasari) et français (Fréart de Chambray, Félibien) et ne prétend d'ailleurs pas à l'originalité. Sa qualité d'amateur passionné, la place qu'il acquit progressivement au sein de l'Académie royale de peinture et de sculpture et le moment historique où se placent ses écrits, moment marqué par l'essor d'un colorisme sensuel et par les débats sur l'importance relative du dessin et du coloris, lui confèrent un caractère particulier. Sa biographie riche et mouvementée et son réseau de relations littéraires et sociales, sa pratique de portraitiste et sa collection de peintures et de dessins, sa personnalité active, indépendante et ferme dans ses goûts, et les enjeux esthétiques de son dernier ouvrage, à allure de testament, sont analysés par Jacques Thuillier dans une introduction qui insiste sur ces spécificités et ces engagements.
Un amateur d'art militant et pédagogue
Diplômé de philosophie et de théologie, précepteur du fils d'un président au Grand Conseil, Michel Amelot, puis secrétaire et diplomate, peintre amateur et ami de peintres proches de Simon Vouet, collectionneur, voyageur (longs séjours en Italie, aux Pays-Bas, en Allemagne, etc.), Roger de Piles, après avoir assisté aux conférences de l'Académie, fut honoré d'une place de conseiller par son protecteur Jules Hardouin-Mansart en 1699, et prit à cœur d'offrir à son tour à la Compagnie des artistes du roi ses réflexions, sous forme de conférences. De 1671 à 1684, Piles est un polémiste dont la plume alerte et l'esprit lucide sont au service de la « promotion » des aspects sensibles de la peinture, dont Rubens lui paraît l'incarnation la plus éclatante, contre les tenants d'une peinture plus intellectuelle, dominée par le culte de l'antique et l'admiration de Poussin. Après quinze années de carrière diplomatique (dont cinq années qu'il passe en prison aux Pays-Bas, accusé d'être un « espion » en mission pour Louvois), il rentre à Paris, enrichi d'une connaissance exceptionnelle de la peinture de toutes les écoles européennes, et revient à la rédaction d'ouvrages marqués par un plus grand sens de la relativité historique de l'art.
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Écrit par
- Martine VASSELIN : ancienne élève de l'École normale supérieure de Sèvres, maître de conférences en histoire de l'art des Temps modernes à l'université de Provence
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