COURS DE PEINTURE PAR PRINCIPES, Roger de Piles Fiche de lecture
Une synthèse d'écrits antérieurs et de conférences académiques
La rédaction du Cours de peinture de 1700 à 1708 a été l'occasion pour Roger de Piles de rassembler et de réviser ses écrits antérieurs et de lier les uns aux autres les textes lus à l'Académie. Il y insère son Dialogue sur le coloris, après avoir rappelé : « Il faut beaucoup plus de génie pour faire un bon usage des lumières et des ombres, de l'harmonie des couleurs et de leur justesse pour chaque objet particulier que pour dessiner correctement une figure. » Là où les Poussinistes entendaient « relever » la peinture au-dessus de la pratique artisanale en insistant sur la science du dessin, des proportions, la connaissance de l'anatomie et de l'antique, Roger de Piles, tout en reconnaissant l'importance de tous ces points, renverse l'argumentation et emploie les termes les plus valorisants pour « l'intelligence des couleurs », ce « raisonnement continuel ». Partant d'une « idée » et d'une définition de la peinture comme « imitation des objets visibles par le moyen de la forme et des couleurs » ayant pour but de « séduire nos yeux », il considère que peu nombreux sont les peintres qui ont su jusqu'alors attirer le spectateur en le « surprenant ». De sa Dissertation sur les ouvrages des plus fameux peintres (1681), il reprend l'examen détaillé des composantes de l'art de peindre. Le premier point est la relation à la nature, qui permet de distinguer le « vrai simple » (imitation fidèle) du « vrai idéal » (procédant par sélection et combinaison des beautés éparses dans la nature, corrigées sur l'antique et par la pensée) et du « vrai composé » ou « beau vraisemblable », « qui paraît souvent plus vrai que la vérité même » et « ravit l'esprit sans violence ». Les autres parties sont les « expressions », dont les mérites se définissent ainsi : le « feu », la vie et la vérité ; l'abondance et la variété des inventions ; la judicieuse économie de la disposition ; le « beau choix » et la « convenance » dans le dessin ; le coloris, qui consiste à combiner avec pertinence et grâce la couleur propre des objets, les reflets des corps environnants et le ton de la lumière ambiante ainsi que les valeurs que le clair-obscur fait subir aux couleurs.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Martine VASSELIN : ancienne élève de l'École normale supérieure de Sèvres, maître de conférences en histoire de l'art des Temps modernes à l'université de Provence
Classification
Autres références
-
ART (Le discours sur l'art) - L'histoire de l'art
- Écrit par André CHASTEL
- 4 725 mots
- 1 média
...des styles ; mais l'entreprise néo-vasarienne de l'Abrégé de la vie des peintres (Paris, 1699) aboutit à un classement rigide par « écoles », et le Cours de peinture par principes(Paris, 1708) à l'établissement d'un code d'appréciation, qui perpétuent pour longtemps le dogmatisme historique. L'empirisme... -
ENSEIGNEMENT DE L'ART
- Écrit par Annie VERGER
- 16 115 mots
...cristallisé les appréciations autour de deux conceptions antinomiques de la peinture ; l'une qui fait du dessin « son pôle et sa boussole » (Le Brun), l'autre qui voit dans la couleur « sa différence spécifique » (Roger de Piles). Cette thèse dernière verra son succès confirmé par la prise du pouvoir... -
PILES ROGER DE (1635-1709)
- Écrit par Marc LE CANNU
- 374 mots
Théoricien de l'art du siècle de Louis XIV, Roger de Piles est, avec André Félibien, le polémiste le plus écouté dans le cadre du débat esthétique sur la prééminence du coloris ou du dessin. Grand amateur de peinture, il connaît les meilleurs artistes de son époque. Précepteur de Michel Amelot, il devient...