COURS DE PHILOSOPHIE POSITIVE, Auguste Comte Fiche de lecture
Le Cours se situe dans la seconde des trois grandes périodes que traditionnellement la postérité voit dans la production d'Auguste Comte (1798-1857), juste entre les Opuscules (1820-1826) et le Système de politique positive (1851-1854). D'abord professé à partir d'avril 1826 à son domicile, puis après plusieurs interruptions, au Louvre, le texte finit par être publié en six volumes entre 1830 et 1842. Parmi les grandes synthèses et philosophies de l'histoire qui caractérisent le xixe siècle, le Cours de cet ancien élève de l'École polytechnique, et secrétaire de Saint-Simon, occupe une place dominante pour les ambitions encyclopédiques de son programme tant scientifique que politique. Écrit dans le contexte des crises sociales et politiques de l'après-Révolution, il officialise, sur le constat d'un rationalisme triomphant à travers les âges, la naissance du positivisme et introduit un néologisme, la sociologie, appelée, selon Comte, à présider à la réorganisation de la société au moyen d'une résorption méthodique de ses maux.
Une encyclopédie des sciences
En soixante leçons, l'ouvrage brosse le tableau de l'ensemble des savoirs scientifiques de l'humanité pour en dégager les généralités et résultats, et les rapporter, conformément au principe de la philosophie positive, à une méthode unique et susceptible de servir la fondation de la sociologie sur la raison.
À ce titre, le premier tome (leçons 1 à 18), outre une exposition générale du plan du Cours, rappelle la loi des trois états successifs de l'histoire humaine (théologique, métaphysique, positif) et leurs caractéristiques respectives que les Opuscules avaient déjà exposées. Ensuite, Comte entame une classification des sciences au sommet de laquelle il place les mathématiques. Le deuxième volume (leçons 19 à 34) retrace l'histoire et la philosophie de l'astronomie et de la physique, tandis que le troisième (leçons 35 à 45) traite de celles de la chimie et de la biologie.
Les trois derniers tomes, soit la moitié du Cours, sont consacrés à la physique sociale (ou, à partir de la leçon 47, « sociologie »). Dans le quatrième volume (leçons 46 à 51), Comte s'attache à sa « partie dogmatique » : on y trouvera une analyse de la situation sociopolitique de l'époque, un examen des différents anciens projets anciens de science sociale et le détail des modalités d'application de la méthode positive à la sociologie. Viennent ensuite une comparaison entre cette dernière et les autres sciences positives, et la division de son objet en une statique sociale et une dynamique sociale. Le cinquième volume (leçons 52 à 55) traite de l'aspect historique de la philosophie sociale et revient sur les caractéristiques des états théologique et métaphysique. Enfin, le dernier tome (leçons 56 à 60) offre le complément historique de la philosophie sociale et, en guise de conclusion, des appréciations du positivisme au niveau de ses contraintes d'élaboration, de ses résultats et de son action.
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Écrit par
- Éric LETONTURIER : docteur en sociologie, D.E.A. de philosophie, maître de conférences à l'université de Paris V-Sorbonne
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