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COURT & LES COURTEYS LES (XVIe s.)

On ignore s'il y eut quelque lien de parenté entre deux familles de peintres émailleurs limousins, les Courteys et les Court, ou de Court. Le plus ancien est Pierre Courteys, qui subit à ses débuts l'influence de Pierre Reymond, mais pour s'en dégager assez vite, en montrant un tempérament vigoureux, un peu vulgaire. La première date relevée sur ses œuvres est celle de 1544 (Coupe, musée de Brunswick), la dernière, 1568. On pense qu'il mourut vers 1590. On conserve de lui nombre de pièces de vaisselle, exécutées d'après divers graveurs bellifontains qu'il interprète assez librement. Ses œuvres les plus célèbres et les plus spectaculaires sont des compositions ovales, faites de quatre grandes plaques soudées ensemble, hautes en couleurs, et représentant des Divinités de la Fable d'après Rosso et les gravures de Caraglio, et des Vertus. La légende voulait qu'elles aient décoré la façade du château de Madrid au bois de Boulogne. Il signait P.C., ou P. COVRTEYS, CORTEYS, parfois même COVRTOIS.

On doit à son fils, Martial, douze assiettes illustrées des travaux des mois d'après Étienne Delaune, signées de son monogramme, et des plats décorés des Niobides et de la Bête de l'Apocalypse.

Entre 1555 et 1558, un certain nombre de pièces d'émail en grisaille d'une grande qualité et d'une grande finesse sont signées des initiales I.C.D.V. ou de IEHAN COVRT DIT VIGIER (de vicarius, juge, charge héréditaire). La plus célèbre de ces œuvres est la coupe de fiançailles de Marie Stuart, aux armes d'Écosse (1556, Bibliothèque nationale, Paris), représentant le festin des dieux d'après le Maître au Dé, et le cortège de Diane d'après Du Cerceau.

Le Maître I.C., longtemps supposé être Jean Courteys, doit être identifié avec l'émailleur qui signe aussi I.D.C. ou Jean de Court. Il n'a daté aucune de ses œuvres. Leur style et leurs sources iconographiques, en particulier les illustrations de Bernard Salomon pour les Quadrins historiques de la Bible (1553), et d'Étienne Delaune pour les travaux des mois (1561, 1568), permettent de les dater du dernier tiers du xvie siècle. On y compte un grand nombre de pièces de vaisselle, souvent émaillées en couleurs sur la face, en grisaille au revers, des coffrets, et une nouvelle catégorie d'objets, les petits miroirs ovales ou octogonaux dont le revers est orné d'une plaque d'émail à sujet mythologique. Ses figures sont sèches et anguleuses, et ses pièces polychromes laissent une impression de confusion.

Le dernier émailleur de cette ou de ces familles, à la fin du siècle, est une femme, Suzanne Court ou de Court, dont l'œuvre se rapproche de celle de I.C., mais qui est parfaitement identifiable par la qualité des blancs, la profondeur du coloris et le style très particulier.

— Marie-Madeleine MARCHEIX

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  • ÉMAUX

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    ...devient plus intense et s'adjoint le camaïeu pour traduire les compositions maniéristes sous le pinceau des Penicaud, des Reymond, des Martin Didier, des Court. Léonard Limousin, peintre de François Ier à Fontainebleau, émaille aussi des portraits à la manière des Clouet. Limoges continue de fabriquer...